Maris et la mer

OGUNQUIT, Maine— Canaan, Colebrook, Grafton Notch, Errol, South Paris et Gray. De vieux noms imprimés dans ma mémoire.

Un des plaisirs de l’automne, c’est de sauter dans l’auto et de rouler sur la vieille 26 en direction des plages du Maine. Surtout lorsque le soleil de septembre fait scintiller les arbres multicolores. Quel spectacle féérique!

Une fois rendu à Gray, il suffit d’emprunter l’autoroute durant 45 minutes, puis le tour est joué.

Pour les Québécois, en particulier pour ceux et celles qui ont vu le jour dans les Cantons de l’Est, c’est un réflexe naturel que de franchir la frontière du Vermont pour retourner voir la mer et visiter la Nouvelle-Angleterre. On s’y sent comme à la maison.

Chaque fois que je retourne à Ogunquit, c’est comme si je retrouvais mes vieilles chaussettes. Je n’aurais aucun mal à y passer un mois ou deux même si je risquerais de manquer d’argent.

Ma seule préoccupation pour le week-end était de profiter de la vie avec Darling et de terminer mon livre sur la vie et la carrière de Roger Maris, un brillant joueur de baseball qui n’a jamais reçu tout le mérite qui lui appartenait.

Roger Maris: une carrière passionnante.

Roger Maris: une carrière passionnante.

À ses meilleures saisons chez les Yankees, après avoir fait sauter le record de Babe Ruth (61 circuits en 1961), Maris ne touchait que 75 000$ par année, soit 25 000$ de moins que son coéquipier Mickey Mantle. C’était beaucoup d’argent à l’époque, mais ça n’avait rien à voir avec les salaires qui ont été versés après que Marvin Miller eut fait tomber le clause de réserve.

Pour toutes sortes de raisons, Mantle était le dieu du stade tandis que Maris était souvent critiqué par les journalistes et hué les partisans des Yankees. Lorsque ses statistiques ont commencé à décliner à cause des blessures, il a été échangé aux Cards de Saint-Louis, puis il a participé à deux autres Séries mondiales avec Bob Gibson, Lou Brock, Orlando Cepeda, Curt Flood et Tim McCarver.

Son association avec les Cards a sauvé la fin de sa carrière. Non seulement a-t-il joué pour une autre équipe championne, mais son amitié avec le propriétaire Gussie Busch lui a valu d’obtenir une agence de distribution de bière (Budweiser) en Floride.

On a souvent prétendu qu’il y avait une forte animosité entre Mantle et Maris. C’est tout à fait faux. Les deux puissants frappeurs étaient de grands amis et s’encourageaient mutuellement.

Maris a grandi dans le Dakota du Nord. Il était très terre-à-terre, humble et jaloux de sa vie privée. Dans un marché aussi médiatisé que celui de New York, il a vécu l’enfer. De nombreux journalistes et des millions d’amateurs de baseball ne voulaient pas qu’il fasse sauter la marque du Bambino. La pression était telle qu’il en a perdu ses cheveux. Toutefois, ça ne l’a pas empêché de devenir un des meilleurs joueurs de sa génération. En plus de cogner la longue balle, il pouvait tout faire sur le losange et il était un excellent voltigeur de droite.

À chacun son destin. Maris, bien malgré lui, est devenu un athlète plus grand que nature. Quand il en a eu assez, il est rentré à la maison pour s’occuper de sa femme, de ses six enfants et de son agence de bière. Il avait seulement 51 ans quand il a été emporté par le cancer.

Ses statistiques globales (275 circuits et 850 points produits) lui ont jusqu’ici fermé les portes du panthéon. Il a quand même mérité deux fois le titre de joueur par excellence de la Ligue américaine et il a formé avec Mantle un des duos les plus électrisants de l’histoire du baseball.

 

 

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