Moore pense souvent à Butch Bouchard

Dickie Moore, qui n’est pas exactement un jeune poulain à 81 ans bien sonnés, ne rate jamais l’occasion de téléphoner à ses anciens coéquipiers du Canadien pour s’enquérir de leur état de santé.

Cette semaine, il a appris avec joie que Jean Béliveau prenait du mieux après avoir été victime d’un AVC à la fin du mois dernier. Le grand Jean doit cependant se soumettre à une série d’exercices à l’hôpital Général de Montréal avant de pouvoir rentrer à son condo de Longueuil.

«J’ai rejoint Jean-Guy Talbot au Cap-de-la-Madeleine et il m’a dit qu’il était en grande forme, ajoute Moore. Il a eu peur de faire une crise cardiaque, mais ce n’était pas le cas. Il a subi toute une batterie de tests dans un hôpital de Trois-Rivières et on n’a rien trouvé d’anormal. Jean-Guy, c’est du solide!

«J’ai aussi parlé à Marcel Bonin qui habite toujours à Joliette. Vous savez tous que Marcel est un joyeux pistolet. Il savait comment mettre du «pep» dans le vestiaire. Il est mort deux fois, mais le Bon Dieu ne voulait pas de lui. Donc, on le garde avec nous autres!»

Dickie Moore

Dickie Moore et Yvan Cournoyer: deux légendes vivantes

Deux fois champion marqueur de la Ligue nationale, Moore préside toujours sa compagnie de location d’outils à Saint-Laurent. Il est souvent au bureau, mais il avoue que les journées de travail se font de plus en plus longues à son âge.

«Je n’ai aucunement l’intention de vivre jusqu’à 100 ans, dit-il. Mes jambes me font trop souffrir, spécialement depuis mon accident de la route il y a quelques années. En fait, j’ai mal aux genoux depuis le milieu des années 1960. J’ai cependant réussi mon retour au jeu avec les Maple Leafs et j’ai fait encore mieux à Saint-Louis. Toe Blake m’avait dit que j’étais encore capable de tenir mon bout dans la Ligue nationale et il avait raison».

LE VIEUX CAPITAINE

Dickie Moore n’oubliera jamais ce que Butch Bouchard a fait pour lui quand il était une verte recrue sous les ordres de Dick Irvin, un homme dur et intransigeant.

«Je pense souvent à Butch, dit-il. Il a été un grand capitaine et un grand joueur d’équipe. Nous avions pour lui le plus grand respect. Mon enterrement de vie de jeunesse et la réception qui a suivi mon mariage ont eu lieu à son restaurant du boulevard de Maisonneuve. Il n’aurait jamais été question d’aller ailleurs. Butch avait eu le courage de se lancer en affaires et nous étions tous heureux de l’encourager.

«Chaque fois qu’on rentrait d’un voyage victorieux, on se dirigeait à son restaurant pour faire la fête. Ce qu’on a pu avoir du plaisir toute la gang ensemble. Nous étions comme des frères».

Les salaires n’avaient rien à voir avec ceux d’aujourd’hui, mais les gars aimaient leur métier et ils le pratiquaient avec passion. Ils voulaient aussi gagner la coupe Stanley à chaque printemps afin de toucher le boni qui était rattaché.

Âgé de 92 ans, Butch Bouchard vit seul dans un appartement de la Rive-Sud de Montréal et son épouse Marie-Claire, victime du cancer des os, lui rend visite le plus souvent possible. Ses enfants aussi.

Ils sont rendus pas mal vieux, nos Glorieux des années 1950!