Le grand Serge tapait du pied

Serge Savard

Serge Savard

Il en a coulé de l’eau sous les ponts depuis le 31 décembre 1975, mais tous ceux et celles qui ont vu ce match extraordinaire entre le Canadien et les étoiles de l’Armée Rouge ne l’oublieront jamais.

L’autre soir, j’en discutais avec Mario Tremblay qui formait alors un trio super énergique avec Doug Risebrough et Yvon Lambert. Durant les années 1970, chaque fois que Scotty Bowman avait besoin de réveiller l’équipe, il faisait appel à sa «Kid Line» et il était rarement déçu.

«Le match du 31 décembre est gravé à tout jamais dans ma mémoire, m’a dit Mario. Ce dont je me souviens le plus, c’est que Serge Savard, habituellement très calme, faisait les 100 pas dans le vestiaire avant le début de la rencontre. Il avait joué contre les Russes en 1972 et il savait exactement à quoi s’attendre. Peut-être avait-il peur que nous ne soyions pas à la hauteur de la tâche qui nous attendait.

«Heureusement, nous étions bien préparés à faire face à la musique et nous avons disputé un match presque parfait, obtenant 38 lancers contre seulement 13 pour les visiteurs. Si Ken Dryden avait été plus solide devant le filet, nous aurions gagné au lieu d’annuler 3-3. Vladislav Tretiak a été fantastique à l’autre bout de la patinoire et il nous a volé plusieurs buts».

Les deux meilleurs joueurs du Canadien ce soir-là ont été Serge Savard et Jacques Lemaire, mais on leur a préféré Pete Mahovlich et Yvan Cournoyer dans le choix des trois étoiles. La première médaille a évidemment été décernée à Tretiak. Les trois joueurs se sont présentés au centre de la patinoire où ils ont posé pour la postérité et été applaudis à tout rompre par les quelque 19 000 spectateurs.

Le gens applaudissaient à la fois le choix des trois étoiles et le spectacle offert par les deux formations. Le Canadien et l’Armée Rouge venaient montrer au monde entier la façon parfaite de jouer au hockey, c’est-à-dire en alliant la rapidité, le contrôle de la rondelle et les solides mises en échec.

Durant toute la partie, les Russes ont obtenu seulement quatre bonnes chances de marquer, mais ils ont capitalisé trois fois et l’autre tir à ricoché sur la barre horizontale.

Après la partie, Serge Savard, bon prince, a déclaré: «Ce soir, le Bon Dieu était du côté des Russes».

Guy Lapointe était également déçu du résultat de la partie, mais très fier du travail accompli par ses coéquipiers, en particulier les jeunes Lambert, Risebrough, Tremblay et Jarvis.

Mario Tremblay était alors le plus jeune joueur du Canadien. Il avait 19 ans et il en a maintenant 55. On a donc raison de dire que le temps passe trop vite.