CH mur à mur

LONGUEUIL— Petit arrêt dans un resto de Longueuil avant de prendre la route du Centre Bell pour le match d’ouverture du Bleu Blanc Rouge.

Avant même la présentation des joueurs, les cérémonies d’ouverture et la première mise au jeu, le Canadien envahit les ondes de tous les postes de radio et de télévision. C’est la folie furieuse, comme si on était sur le point d’assister au septième match de la série finale.

Le CH est plus populaire que jamais malgré ses insuccès des 20 dernières années.

Le CH est plus populaire que jamais malgré ses insuccès des 20 dernières années.

Le Canadien a gagné seulement deux petites coupes Stanley depuis 1979 (sous le régime de Serge Savard), mais il est plus populaire que jamais si on se fie à ce qu’on entend un peu partout. Comme si cette province avait besoin d’un exutoir pour les scandales politiques, la commission Charbonneau, les embouteillages et quoi encore.

En tout cas, ce ne sont pas les gérants d’estrades qui font défaut! Tout le monde a son mot à dire sur une équipe qui devra travailler extrêmement fort pour se tailler une place dans les séries.

Bon match et bonne saison de hockey!

Une heure chez le Grand Jean

Depuis leur magnifique condo du 20e étage, à deux pas du métro Longueuil, Jean Béliveau et Élise Couture, sa fidèle compagne des soixante dernières années, ont une vue imprenable sur le Stade olympique, le pont Jacques-Cartier, le vieux port et le centre ville de Montréal. À couper le souffle!
Durant le mois de juillet, Élise et le Grand Jean n’ont qu’à s’installer dans le salon pour regarder les plus beaux feux d’artifices du monde entier. S’ils ont longtemps hésité avant de quitter leur maison de la rue Victoria, ils sont maintenant très heureux dans leur nouvel habitat.
«La nuit, lorsque j’ai du mal à dormir, je m’écrase dans le fauteuil et je lis un bon livre devant les lumières de la ville», dit l’ancien capitaine des Glorieux.
Jean Béliveau a fêté récemment ses 82 ans. Il n’a pas autant d’énergie qu’il le voudrait, mais il se considère chanceux de ne pas avoir succombé à son deuxième accident vasculaire cérébral ou encore d’être d’être resté paralysé. «Ça va moins vite qu’avant, mais ça va», dit-il en souriant.

Jean Béliveau a mené le Candien à 10 conquêtes

Jean Béliveau a mené le Candien à 10 conquêtes de la coupe Stanley en 18 ans. Qui dit mieux?

Récemment, il a dû renoncer à son permis de conduire. Ça n’a pas été facile, mais il n’est pas du genre à se plaindre de son sort. Il comprend qu’il serait trop risqué de s’aventurer sur la route dans sa condition actuelle. La vieillesse, c’est une foule de petites choses.

DES SOUVENIRS PLEIN LA TÊTE

L’ancien joueur étoile du Canadien, 10 fois champion de la coupe Stanley, est encore sollicité de toutes parts, mais il est maintenant obligé de refuser la majorité des demandes qu’on lui fait. Il doit d’abord se préoccuper de sa santé. Avant, il ne disait presque jamais non.
Il ne se déplace plus pour participer à des séances d’autographes ou à des levées de fonds. Il répond cependant à son volumineux courrier avec l’aide de sa fille Hélène. Elle se tape le tri avant de lui présenter les demandes les plus pressantes.
Pendant plus d’une heure, l’autre matin, nous avons discuté de hockey, de baseball et de bien d’autres choses. Malgré ses deux ACV, la mémoire du Grand Jean est intacte. Des souvenirs, il en a plein la tête.
Il rit de bon coeur quand il pense à ses belles années avec les As de Québec. L’équipe était dirigée par Punch Imlach, le même homme qui a mené les Maple Leafs de Toronto à quatre conquêtes de la coupe Stanley durant les années 1960. Parmi ses compagnons de jeu, il y avait Ludger Tremblay, frère de Gilles, Claude Robert et l’inimitable Marcel Bonin, un personnage comme il ne s’en fait plus.
Une fois par exemple, Bonin s’est présenté dans le vestiaire des As déguisé en chasseur et il a demandé à Imlach de procéder rapidement parce qu’il voulait aller tuer son chevreuil!
Entre Québec et les Béliveau, il existe une histoire d’amour qui ne mourra jamais.
À 22 ans, le «Gros Bill» a finalement décidé que le moment était venu de quitter la Vieille capitale pour tenter sa chance dans la grande ligue. C’était le début d’une longue et belle aventure.
«Quand nous avons gagné cinq coupes de suite à la fin des années 1950, nous avions un jeu de puissance extraordinaire, rappelle-t-il. À gauche, il y avait Bert Olmstead ou Dickie Moore. J’étais au centre et Maurice (Richard) à droite. Derrière nous, il y avait Doug Harvey et Boom-Boom. C’était pas si mal comme power play!»
Ce jeu de puissance était tellement dévastateur qu’un de ces soirs, Béliveau a marqué trois buts en 44 secondes contre l’excellent Terry Sawchuk. C’en était trop. La Ligue nationale a alors décidé que le joueur pris en défaut pouvait quitter le banc des punitions dès qu’un premier but était marqué.
La discussion reprendra lorsque nous nous reverrons au Centre Bell pour un match du Canadien. Si sa santé le lui permet, le Grand Jean se propose d’assister à une vingtaine de parties durant la prochaine campagne. Évidemment, il souhaite tout le succès possible à Marc Bergevin et à Michel Therrien.

Maris et la mer

OGUNQUIT, Maine— Canaan, Colebrook, Grafton Notch, Errol, South Paris et Gray. De vieux noms imprimés dans ma mémoire.

Un des plaisirs de l’automne, c’est de sauter dans l’auto et de rouler sur la vieille 26 en direction des plages du Maine. Surtout lorsque le soleil de septembre fait scintiller les arbres multicolores. Quel spectacle féérique!

Une fois rendu à Gray, il suffit d’emprunter l’autoroute durant 45 minutes, puis le tour est joué.

Pour les Québécois, en particulier pour ceux et celles qui ont vu le jour dans les Cantons de l’Est, c’est un réflexe naturel que de franchir la frontière du Vermont pour retourner voir la mer et visiter la Nouvelle-Angleterre. On s’y sent comme à la maison.

Chaque fois que je retourne à Ogunquit, c’est comme si je retrouvais mes vieilles chaussettes. Je n’aurais aucun mal à y passer un mois ou deux même si je risquerais de manquer d’argent.

Ma seule préoccupation pour le week-end était de profiter de la vie avec Darling et de terminer mon livre sur la vie et la carrière de Roger Maris, un brillant joueur de baseball qui n’a jamais reçu tout le mérite qui lui appartenait.

Roger Maris: une carrière passionnante.

Roger Maris: une carrière passionnante.

À ses meilleures saisons chez les Yankees, après avoir fait sauter le record de Babe Ruth (61 circuits en 1961), Maris ne touchait que 75 000$ par année, soit 25 000$ de moins que son coéquipier Mickey Mantle. C’était beaucoup d’argent à l’époque, mais ça n’avait rien à voir avec les salaires qui ont été versés après que Marvin Miller eut fait tomber le clause de réserve.

Pour toutes sortes de raisons, Mantle était le dieu du stade tandis que Maris était souvent critiqué par les journalistes et hué les partisans des Yankees. Lorsque ses statistiques ont commencé à décliner à cause des blessures, il a été échangé aux Cards de Saint-Louis, puis il a participé à deux autres Séries mondiales avec Bob Gibson, Lou Brock, Orlando Cepeda, Curt Flood et Tim McCarver.

Son association avec les Cards a sauvé la fin de sa carrière. Non seulement a-t-il joué pour une autre équipe championne, mais son amitié avec le propriétaire Gussie Busch lui a valu d’obtenir une agence de distribution de bière (Budweiser) en Floride.

On a souvent prétendu qu’il y avait une forte animosité entre Mantle et Maris. C’est tout à fait faux. Les deux puissants frappeurs étaient de grands amis et s’encourageaient mutuellement.

Maris a grandi dans le Dakota du Nord. Il était très terre-à-terre, humble et jaloux de sa vie privée. Dans un marché aussi médiatisé que celui de New York, il a vécu l’enfer. De nombreux journalistes et des millions d’amateurs de baseball ne voulaient pas qu’il fasse sauter la marque du Bambino. La pression était telle qu’il en a perdu ses cheveux. Toutefois, ça ne l’a pas empêché de devenir un des meilleurs joueurs de sa génération. En plus de cogner la longue balle, il pouvait tout faire sur le losange et il était un excellent voltigeur de droite.

À chacun son destin. Maris, bien malgré lui, est devenu un athlète plus grand que nature. Quand il en a eu assez, il est rentré à la maison pour s’occuper de sa femme, de ses six enfants et de son agence de bière. Il avait seulement 51 ans quand il a été emporté par le cancer.

Ses statistiques globales (275 circuits et 850 points produits) lui ont jusqu’ici fermé les portes du panthéon. Il a quand même mérité deux fois le titre de joueur par excellence de la Ligue américaine et il a formé avec Mantle un des duos les plus électrisants de l’histoire du baseball.

 

 

Bobby Orr copropriétaire d’un club de golf

Quand il a annoncé sa retraite à la fin des années 1970, Bobby Orr ne se doutait pas qu’il deviendrait un jour copropriétaire d’un club de golf. C’est pourtant ce qui lui est arrivé il y a environ six mois.

Orr était déjà membre du club The Ridge, à Cape Cod, depuis une vingtaine d’années. C’est un club privé que j’ai eu la chance de visiter à quelques reprises avec des amis. Un endroit de toute beauté.

Durant les dernières années, la situation financière du club s’est détériorée à un point tel que The Ridge a changé de mains trois fois en l’espace de neuf ans. Orr, qui habite à un coin de rue du club, a donc décidé de prendre le taureau par les cornes et d’acheter le club avec 11 partenaires.

Bobby Orr est copropriétaire du Ridge Club à Cape Cod.

Bobby Orr est copropriétaire du Ridge Club à Cape Cod.

«C’est la dernière chose que je pensais faire, a-t-il confié à un journaliste de Cape Cod. Au départ, je croyais que ce serait comme un boulet au pied, mais c’est tout le contraire. J’ai une belle vie et je n’aurais pas embarqué là-dedans à reculons. Pour moi, ce n’est pas du travail. Je m’amuse tout en faisant de mon mieux que le club s’en aille dans la bonne direction».

Déjà, plusieurs anciens membres sont de retour au club et la campagne de recrutement va bon train. Il en va de même pour la vente des maisons à proximité du club. Autant que faire se peut, on attire les jeunes familles.

Entre 1967 et 1975, Bobby Orr a été le meilleur joueur de la Ligue nationale. Il pouvait non seulement tout faire sur le patinoire, mais il ne faisait mieux que les autres. Il a gagné le trophée Norris huit fois de suite, remporté deux championnats des marqueurs et trois trophées Hart. Il a aussi mené les Big Bad Bruins à deux conquêtes de la coupe Stanley.

Tout cela en demeurant un homme simple, humble, et jaloux de sa vie privée. Depuis la mort de Ted Williams, il n’y a pas de plus grand nom que le sien dans toute la Nouvelle-Angleterre. À cause de sa classe et de sa relation avec son public, on le compare souvent au grand Arnold Palmer.

«Il a bâti sa réputation tout au long de sa vie, déclare son grand ami Derek Sanderson. Bobby a toujours été honnête et gentil avec les gens. Il n’a jamais joué à la vedette. Son nom est magique. Il ne voulait pas prendre sa retraite à 30 ans, mais il s’est craché dans les mains et il s’est lancé en affaires de la même façon qu’il jouait au hockey. Il est plus rusé qu’on le pense et très intelligent».

Par la force des choses, Orr est devenu un homme d’affaires averti et un agent de joueurs respecté. Quand est venu le temps d’acheter le club de golf, il était  donc bien préparé pour faire face à la musique.

Si Dieu le veut, je retournerai un jour au Ridge Club pour lui dire bonjour, jouer son parcours et prendre une bière au 19e trou.