Un certain Mark Langston

Les statistiques de Randy Johnson étaient tellement impressionnantes qu’il fallait être mesquin pour ne pas lui accorder son vote comme nouveau membre du panthéon du baseball.

En bout de ligne, le grand gaucher a obtenu 97,3% des votes et il a été élu haut-la-main, tout comme Pedro Martinez qui a récolté 91% des voix. Les deux autres lauréats, John Smoltz et Craig Biggio, ont obtenu une note fort respectable de 83%. Au cas où vous ne le sauriez pas encore, il faut apparaître sur au moins 75% des bulletins de vote pour avoir droit d’entrer à Cooperstown.

Le grand Randy Johnson a connu une carrière fantastique après avoir été échangé aux Mariners de Seattle en retour de Mark Langston, en 1989.

Le grand Randy Johnson a connu une carrière fantastique après avoir été échangé aux Mariners de Seattle en retour de Mark Langston, en 1989.

Longtemps membre de l’Association des chroniqueurs de baseball d’Amérique, j’éprouvais un plaisir fou à participer à ce scrutin, quelques semaines avant les Fêtes. Aujourd’hui, la tâche est devenue plus ardue pour les journalistes à cause des scandales de dopage qui ont éclaboussé le baseball à la fin des années 1990. Il faut maintenant départager les tricheurs avec plus ou moins de preuves à l’appui.

Cette année, Roger Clemens a obtenu 37,5% des votes et Barry Bonds 36,8%, mais ils sont encore loin du compte. C’est bien pire pour Mark McGwire qui n’apparaît que sur 10% des bulletins. Et que dire de Sammy Sosa (un autre tricheur) qui a récolté seulement 6,6% des votes.

Deux anciens Expos

En apprenant l’élection de Randy Johnson, j’ai tout de suite pensé à ses débuts avec les Expos et à l’échange qui l’a envoyé à Seattle en retour d’un certain Mark Langston en 1989.

Johnson avait beaucoup de potentiel, mais il éprouvait alors de sérieux ennuis avec son «contrôle» et les Expos choisi de le laisser partir pour mettre la main sur Langston, un lanceur susceptible de les mener au championnat.

La stratégie a avorté. Langston n’a pas été mauvais à Montréal, mais il n’a duré que le temps des roses. La saison suivante, il était de retour dans la Ligue américaine avec les Angels de la Californie.

À Seattle, Johnson a continué d’accorder des buts sur balles à profusion jusqu’à ce qu’il ait une bonne discussion avec Nolan Ryan, roi des retraits au bâton. Ryan lui a suggéré de modifier légèrement son élan et de toucher le sol différemment avec son pied gauche. La leçon a porté fruit et Johnson est vite devenu un des meilleurs lanceurs de son époque.

Quand il a accroché ses crampons au clou de la retraite, The Big Unit avait 303 victoires en banque, 4875 retraits au bâton et cinq trophées Cy Young. Neuf fois, il a dominé sa ligue pour les strikeouts. Il a aussi joué un rôle majeur dans la conquête de la Série mondiale par les DiamondBacks de l’Arizona en 2001. Il formait alors un duo quasi invincible avec Curt Schilling.

Pedro: comme Gibson

Pedro Martinez était un illustre inconnu lorsque les Expos ont fait son acquisition des Dodgers au début des années 1990. On ne se doutait pas qu’il deviendrait un si grand lanceur.

Pedro Martinez a connu la gloire dans l'uniforme des Red Sox.

Après s’être fait la main à Montréal, Pedro Martinez a connu la gloire dans l’uniforme des Red Sox de Boston.

Bien conseillé par le vieux Felipe, il a gagné son premier trophée Cy Young dans l’uniforme des Expos, puis il a pris la route du Massachusetts parce qu’on n’avait plus les moyens de s’offrir un lanceur de sa trempe.

À Boston, Pedro est vite devenu le dieu du stade. En l’espace de sept ans, il a remporté 117 victoires contre seulement 37 défaites. Je me souviens très bien d’un voyage au Fenway Park en 1999. Il lançait des «aspirines» et déculottait ses adversaires avec la précision de ses tirs. Sa domination était telle qu’il n’était pas sans nous rappeler les beaux jours de Bob Gibson.

En 2004, il a participé à la remontée historique contre les Yankees et à la première conquête des Red Sox en 86 ans. Après la dernière partie de la Série mondiale, il n’a pas manqué de saluer les partisans des Expos, un geste qui a été fort apprécié par les amateurs de baseball du Québec.

Smoltz et Biggio

Durant les années 1990, John Smoltz a formé un trio extraordinaire avec Greg Maddux et Tom Glavine, menant les Braves à plusieurs championnats, mais à une seule conquête de la Série mondiale.

Smoltz était fort comme un cheval et ne lâchait pas facilement le morceau. Il a remporté 213 victoires et en a préservé 154. Il est le seul lanceur de l’histoire avec 200 victoires et 150 sauvetages. Dans les séries de championnat, il a fait encore mieux en compilant une fiche de 15-4. En 1991, il a livré un duel de titans à Jack Morris dans le match de championnat avant de s’incliner par la marque de 1-0.

Pour ce qui est de Craig Biggio, il est moins connu parce qu’il a passé toute sa carrière à Houston. Il a le mérite d’avoir frappé plus de 3000 coups sûrs avec le même club, un exploit excessivement rare.