«Piton» Ruel est mort

Le moins qu’on puisse dire, c’est un hiver désastreux pour la grande famille du Canadien. Après les décès de Carol Vadnais, Gilles Tremblay, Jean Béliveau et Colette Tremblay, voici qu’on apprend la mort de Claude (Piton) Ruel, ex-entraîneur et recruteur du Bleu Blanc Rouge. Il avait 76 ans.

Ruel a été vu pour la dernière fois au match de l’Armada de Blainville-Boisbriand, dimanche soir. Il regardait la partie avec son ami Stéphane Pilote, recruteur des Ducks d’Anaheim. Selon les premières informations, il aurait succombé à une crise cardiaque.

À sa façon, l’ancien p’tit gars de Sherbrooke a marqué l’histoire du

Claude Ruel a marqué l'histoire du Canadien comme entraîneur, professeur et recruteur.

Claude Ruel a marqué l’histoire du Canadien comme entraîneur, professeur et recruteur.

Canadien. Après avoir perdu un oeil accidentellement sur la patinoire de Belleville (Ontario) alors qu’il jouait pour le Canadien Junior, Ruel est devenu un si bon entraîneur que c’est lui qui a succédé au légendaire Toe Blake derrière le banc du grand club en 1968. Il avait seulement 29 ans. Ancien élève d’Elmer Lach, il a gagné la coupe Stanley au printemps 1969, mais il a cédé sa place à Al MacNeil environ un an et demi plus tard. La pression était devenue trop lourde sur ses épaules.

Un soir contre les North Stars du Minnesota, il a quitté son poste en pleine partie et c’est Jean Béliveau qui l’a remplacé à pied levé. À la blague, le Gros Bill se vantait d’avoir une moyenne de 1000. comme joueur-instructeur!

Durant les années 1970, Ruel est devenu un précieux allié pour Scotty Bowman et il l’a aidé à gagner cinq coupes Stanley. Il était souvent responsable des exercices de l’équipe et il ne se gênait pas pour commander du temps supplémentaire aux Lafleur, Shutt, Robinson, Gainey, Lambert, Nilan et cie.

Même s’il possédait seulement un oeil, Piton faisait toujours des passes sur la palette et il en était très fier. Il était aussi un excellent motivateur et servait de tampon entre Bowman et ses joueurs vedettes. Il traitait les joueurs comme ses propres enfants et plusieurs d’entre eux ont connu du succès grâce à ses conseils. C’est à lui qu’on doit les expressions «donner son 110%» et «y’en aura pas de facile».

À l’automne 1979, Ruel a effectué un retour derrière le banc lorsque Bernard Geoffrion, étouffé par la pression, a remis sa démission. Il a connu de beaux succès en saison régulière, mais l’équipe n’était plus la même suite aux départs à la retraite des Cournoyer, Dryden et Lemaire. Il y avait aussi d’autres joueurs qui commençaient à prendre de l’âge (Savard, Lapointe, Shutt, Lambert…)

As recruteur

À tout cela, il faut ajouter que Ruel a sans doute été le meilleur recruteur de l’histoire du Canadien. Il avait seulement un oeil, mais le bon. C’est lui qui a insisté pour qu’on choisisse Guy Lafleur (et non Marcel Dionne) à la séance de repêchage de 1971. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’avait pas d’admiration pour le petit joueur de centre de Drummondville. Il a aussi joué un rôle important dans le développement des Larry Robinson, Bob Gainey, Rod Langway, Stéphane Richer, Claude Lemieux et Sergio Momesso, pour ne nommer que ceux-là.

Durant sa jeunesse à Sherbrooke, Piton a été tout un joueur de baseball. Il a même reçu une offre des Indians de Cleveland, mais il a préféré tenter sa chance au hockey. Malgré sa petite taille à la Pat Stapleton, il était un excellent défenseur et il aurait probablement atteint la Ligue nationale s’il n’avait pas perdu son oeil.

En dehors de la patinoire, Ruel avait une grande passion pour les courses sous harnais. On le voyait souvent dans les salons de pari de la Rive-Sud. Mes plus vives condoléances à son fils Jean et aux membres de sa famille.

Réaction de Bowman

En apprenant le décès de son ancien adjoint, Scotty Bowman m’a fait parvenir le message suivant: «Claude Ruel était mon meilleur ami lorsque je dirigeais le Canadien. Il était un excellent professeur et il a joué un rôle important dans nos succès durant les années 1970».

Une heure ou deux plus tard, coup de fil à GUY LAPOINTE, ancien membre du Big 3. Il a résumé l’opinion de la majorité de ses anciens coéquipiers en disant: «Je suis en état de choc. Claude Ruel avait le CH tatoué sur le coeur. C’était un vrai de vrai. Je n’oublierai jamais ce qu’il a fait pour moi et pour les autres joueurs du Canadien. Il nous gardait sur la patinoire avant ou après l’exercice régulier pour nous faire travailler encore plus fort. Il était toujours là pour nous encourager. Il a été bon pour toute la gang».

Lors du retrait officiel de son chandail l’automne dernier, Pointu n’a pas manqué de souligner la contribution de Ruel dans son développement comme joueur de hockey.