Gauthier au banc des accusés

Pierre Gauthier

Pierre Gauthier

Comme la majorité des amateurs de hockey, je connais très peu Pierre Gauthier.

Voilà un homme qui roule sa bosse dans la Ligue nationale depuis une trentaine d’années, mais qui ne recherche pas la publicité. Plus discret que lui, tu meurs! Quand il ouvre la bouche devant les journalistes, il est tellement poli qu’il appelle tout le monde «monsieur». En d’autres termes, il manque de transparence et il est nul en relations publiques.

Natif de Montréal, Pierre a travaillé pour les Nordiques pendant une douzaine d’années, principalement comme recruteur, puis il a été directeur général des Ducks d’Anaheim et des Sénateurs d’Ottawa avant d’être récupéré par Bob Gainey en juillet 2003.  Il a aussi été impliqué dans la sélection de l’équipe canadienne en vue des Jeux olympiques de 1998 à Nagano. Il formait alors un trio avec Bobby Clarke et Bob Gainey.

On peut donc dire que sa feuille de route est bien étoffée même s’il n’a jamais gagné la coupe Stanley. On ne doute pas non plus qu’il travaille très fort depuis que Bob Gainey lui a cédé gentiment son bureau au septième étage. Toutefois, les résultats sont désastreux et le Canadien patauge aujourd’hui dans les marécages de la Ligue nationale.

Dans une ville où le hockey est une véritable religion, Gauthier est évidemment cloué au pilori. Le contraire serait étonnant. Depuis quelques semaines déjà, on exige qu’il passe à la guillotine sans aucune forme de procès. On a même dressé une courte liste des personnes susceptibles de le remplacer et c’est le nom de  Vincent Damphousse qui figure jusqu’ici au premier rang.

En toute justice, Gauthier n’est pas le seul responsable des déboires du Canadien. Gainey est aussi coupable que lui. Ensemble, ils ont multiplié les gaffes, pigé les mauvais numéros et poussé l’équipe vers le précipice.

Ils semblent avoir été mal informés dans le dossier du défenseur Andrei Markov et ils ont fait fausse route en lui accordant un contrat de trois ans alors qu’il n’était pas en mesure d’aider l’équipe. Sa longue absence a fait très mal au Canadien, spécialement en avantage numérique, et elle a forcé l’acquisition de «bouche-trou» comme Chris Campoli et Tomas Kaberle.

L’autre gaffe majeure est évidemment l’échange qui a amené Scott Gomez à Montréal. Non seulement le Canadien a-t-il sacrifié le jeune défenseur Ryan McDonagh, mais il a mis la main sur un «patineur de fantaisie» qui ne veut plus souffrir pour aider son club. Il faut maintenant avaler son riche contrat et vivre avec les conséquences.

À New York, Glen Sather rit dans sa barbe chaque fois qu’il pense à cette transaction. Non seulement a-t-il acquis un défenseur fort prometteur, mais il s’est servi du salaire de Gomez pour aller chercher Marian Gaborik. Ayoye!

C’est vrai que Gauthier a réussi un bon coup quand il a fait l’acquisition d’Erik Cole sur le marché des joueurs autonomes. Cole donne au Canadien ce qu’on attendait de lui. Pour ce qui est de la transaction Cammalleri-Bourque, on a échangé quatre «tente sous» pour une piastre.

Dans le sport professionnel, ce sont les résultat qui comptent et rien d’autre. Les V dans la colonne des victoires. Pierre Gauthier est un charmant garçon, mais son règne à la barre du Canadien est un échec… si on oublie les miracles de Jaroslav Halak au printemps 2010. Geoff Molson doit bien savoir que le statu quo est inacceptable.

MARIO ET CASSEAU

Mario Tremblay a déjà fait la guerre à Patrick Roy, mais ça ne l’empêche pas de faire la part des choses.

En entrevue avec Michel Villeneuve, mardi soir, Mario a déclaré qu’il verrait Patrick derrière le banc du Canadien. «Il a fait ses classes chez les Remparts et il a prouvé qu’il pouvait très bien diriger une équipe de hockey. Il n’a pas d’expérience comme coach dans la Ligue nationale, mais il a joué longtemps et il sait comment ça se passe», a-t-il dit en résumé.

Roy est-il la bonne personne pour succéder à Randy Cunneyworth? On pourrait en discuter longtemps. Il ne fait aucun doute qu’il amènerait de la fierté, du leadership et de l’enthousiasme. Les traîne-savates se feraient parler dans le «kisser»!

Roy est beaucoup plus intéressé par le job d’entraîneur que par celui de directeur général. Il est encore jeune et il veut être au coeur de l’action. Si le Canadien décidait de se tourner vers lui pour relancer l’équipe, il serait peut-être sage de lui trouver un adjoint dans le style de Benoît Groulx, des Olympiques de Gatineau. Le genre de gars capable de servir de tampon entre le coach et ses joueurs.

Allez, bonne journée, et profitez pleinement de ce printemps hâtif!