Marc Fortier en a bourlingué un coup

À l’époque où il faisait la pluie et le beau temps dans l’uniforme des Saguenéens de Chicoutimi, Marc Fortier était loin de se douter qu’il deviendrait directeur général de cette équipe, 25 ans plus tard. C’était pourtant son destin.

«Après avoir joué dans la Ligue nationale durant quelques années, j’ai décidé de tenter ma chance en Europe et mon aventure là-bas a duré 11 ans, rappelle l’ancien joueur de centre des Nordiques. J’ai connu mes plus beaux succès avec les Polar Bears de Berlin où j’ai été capitaine pendant quatre saisons. Parmi mes compagnons de jeu, il y avait Tomas Steen, Mike Bullard et Mario Brunetta.MarcFortier

«Si j’ai réalisé un rêve dans la Ligue nationale, je peux dire que j’ai tripé en Europe. J’étais bien rémunéré, je roulais en BM, le calibre de jeu était excellent et nous jouions presque toujours à guichets fermés. Le soccer demeure évidemment le sport numéro un en Europe, mais le hockey est quand même très populaire dans certains pays. Les spectateurs portent fièrement les couleurs de leur équipe favorite et chaque match devient une super fête».

En l’espace de quelques mois, Fortier a appris la langue allemande assez bien pour se débrouiller. Il a aussi vécu la reconstruction de Berlin est. «Les Allemands sont travaillants et ils forment un peuple discipliné», précise-t-il sans entrer dans les détails.

Pas fait pour être entraîneur

De retour au Québec, Fortier a tenté sa chance dans le coaching. Il a dirigé une équipe senior dans la Beauce et une équipe junior AAA à Québec, mais il a vite compris que ce métier n’était pas fait pour lui. Il a ensuite été recruteur pour l’Avalanche du Colorado pendant un an, puis directeur du recrutement de la LHJMQ.

«Toutes ces étapes m’ont préparé au métier de directeur général, dit l’ancien petit gars de Windsor. Lorsque les Saguenéens m’ont approché, je pense que j’étais prêt à relever le défi. J’étais trop intense pour être entraîneur. Je prenais ça trop à coeur. Dans mon nouveau rôle, je me sens plus en contrôle. Je peux analyser froidement la situation et prendre la décision qui s’impose».

Âgé de 46 ans, Fortier fait équipe avec Marc-Étienne Hubert, ancien joueur des Patriotes de Trois-Rivières. Leur mission première est de bâtir une solide équipe de hockey, mais ils accordent aussi une grande importance aux études. Étant donné que seulement 2 pour cent des joueurs atteignent la Ligue nationale, il faut les inciter à rester sur les bancs d’école. Cela est d’autant plus vrai que la LHJMQ offre des bourses d’études alléchantes à ses joueurs une fois qu’ils ont terminé leur carrière junior.

«Notre but pour la saison en cours est de terminer dans le top 8 au classement. Une fois dans les séries, tout devient possible. L’an passé, nous avons causé une surprise contre Shawinigan et nous avons livré une très belle lutte aux Sea Dogs de Saint-Jean», ajoute Fortier.

Les piliers des Saguenéens sont Charles Hudon (un protégé du Canadien), Laurent Dauphin et Christopher Gibson, un gardien de but de 20 ans. Ils fondent aussi de grands espoirs en Loïk Léveillé, un jeune défenseur obtenu dans la transaction qui a envoyé Jérémy Grégoire à Baie-Comeau.

«Le hockey a beaucoup changé depuis 25 ans, poursuit Fortier. Depuis qu’on a éliminé l’accrochage, l’accent est mis davantage sur la vitesse et les contacts sont plus violents. Le jeu est «nord-sud» alors que dans mon temps, on jouait plus «est-ouest». Il y a aussi l’équipement qui a beaucoup changé. Ce que je déplore parfois, c’est le manque de respect entre les joueurs. C’est un peu le reflet de la société».

Les Sags ont 40 ans

Le hockey jouit d’une très longue tradition au pays des Bleuets depuis les beaux jours de Georges Roy, de Marcel Pelletier et des frères Smrke. Les Saguenéens Juniors en sont déjà à leur 40e saison dans le circuit Courteau. Chez les héros du passé, on retrouve les Guy Carbonneau, Germain Munger, Félix Potvin, Jimmy Waite, Éric Fichaud, Pierre-Marc Bouchard et David Desharnais.

Il appartient maintenant à Marc Fortier de garder la flamme bien vivante. Comme je le connais, il y mettra tout son coeur et toute son énergie.