Dryden nous parle de Jean-Paul Parisé

Ken Dryden est retourné souvent en Union Soviétique durant les années 1970 et 1980, mais il n’y avait pas mis les pieds depuis l’éclatement de l’ancien régime. Après mûre réflexion, il a donc accepté de participer à un récent voyage en Russie pour souligner le 40e anniversaire de la célèbre Série du siècle.

En plus de fouiller dans ses souvenirs, le grand Ken a eu du bon temps avec les Wayne Gretzky, Mark Messier, Brett Hull, Igor Larionov, Pavel Bure, Alexander Mogilny et autres grands noms du hockey. Il a également participé à une cérémonie spéciale en compagnie de son ancien rival Vladislav Tretiak afin de souligner le premier anniversaire de l’accident d’avion qui a coûté la vie à tous les joueurs du club Locomotiv. On se souviendra que le Canadien Brad McCrimmon a perdu la vie dans ce terrible accident.

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Ancien joueur des North Stars et des Islanders, Jean-Paul Parisé a participé à la Série du siècle en 1972. Il est le père de Zach Parisé, joueur étoile du Wild du Minnesota.

Durant ses longs déplacements en autobus entre Moscou, Saint-Petersbourg et les autres destinations, l’ex-gardien de but du Canadien a eu tout son temps pour écouter les histoires de tous et chacun. Étonnamment, c’est celle de Jean-Paul Parisé, ancien joueur des North Stars du Minnesota, qui a retenu son attention. Il en a d’ailleurs fait un long article dans le Globe & Mail de Toronto.

Avocat de profession et ex-député à la Chambre des Communes, Dryden possède un sens aigü de l’observation et il manie habilement la plume. Son livre «The Game» a d’ailleurs mérité plusieurs prix et s’est vendu comme des petits pains chauds au Canada anglais.

Grâce à Bronco Horvath

Revenons à nos moutons. Parisé était ce qu’on appele aujourd’hui un «plombier de luxe». Son talent était limité, mais il avait beaucoup de coeur au ventre. C’est ce qui lui a permis de tenir son bout dans la Ligue nationale pendant 14 ans et de mériter une place au sein de la toute première Équipe Canada.

Son acharnement au travail lui a aussi permis de connaître trois saisons de 20 buts chez les North Stars du Minnesota et deux autres avec les Islanders d’Alger Arbour.

L’ancien ailier gauche vu le jour à Smooth Rock Falls, un petit village du nord de l’Ontario, en 1941. À la maison, il n’y avait ni électricité ni eau courante jusqu’à ce qu’il fête ses 16 ans. Lorsqu’il a mis les pieds à Toronto la première fois afin de participer à un camp junior, c’était aussi la première fois qu’il voyait des gens autres que ceux de son patelin. De son propre aveu, il était complètement dépaysé.

En ce sens, son histoire ressemble à celle de tant d’autres hockeyeurs qui ont choisi de quitter leur petit village pour tenter la grande aventure, un phénomène qui existe encore en 2012.

C’est la première expansion en 1966-67 qui a permis à Parisé de se faire un chemin dans la grande ligue. Après quelques matchs comme réserviste à Boston et à Toronto, il a obtenu sa vraie chance lorsque son contrat a été vendu aux North Stars. C’est cependant à Joe Crozier, un ancien joueur des As de Québec, et à Bronco Horvath, ancien joueur étoile des Bruins, qu’il doit sa carrière dans la LNH. Cela se passait à Rochester durant la saison 1967-68.

Après l’avoir cloué au banc à cause de son piètre rendement, Crozier lui a donné l’opportunité de jouer avec Bronco Horvath, un vétéran qui complétait sa carrière dans la Ligue américaine.

J’ai croisé Bronco Horvath lors d’un voyage de golf à Cape Cod, il y a quelques années, et je peux vous assurer qu’il est tout un personnage. Toujours est-il qu’il a pris Jean-Paul sous son aile et en a fait un vrai pro. Une couple de mois plus tard, le combatif ailier gauche retournait au Minnesota pour de bon.

Parisé avait tellement le coeur à l’ouvrage qu’on l’a choisi pour participer à la Série du siècle en tant que joueur de soutien. C’est évidemment le plus grand fait d’armes de sa carrière. Avec les Esposito, Savard, Cournoyer, Lapointe, Park, Henderson et compagnie, il a vécu une expérience exaltante, des moments inoubliables. Malheureusement, on se souvient surtout de lui pour le match où il a perdu la tête et menacé l’arbitre de lui faire un mauvais parti, ce qui lui a valu d’être expulsé de la rencontre.

Durant les dernières années, son nom est revenu dans les conversations parce qu’il est le père de Zach Parisé, du Wild du Minnesota. Il peut aussi remercier Ken Dryden de nous avoir raconté son histoire.