Jacques Lemaire: «J’ai tout appris avec le Canadien»

Jacques Lemaire a du mal à croire qu’il s’est écoulé 33 ans depuis sa dernière conquête de la coupe Stanley avec le Canadien.

«Le temps passe tellement vite, dit-il. Veux, veux pas, j’aurai bientôt 67 ans. Il me semble qu’hier encore je jouais pour les Maroons de Lachine et je signais la formule C pour devenir membre de l’organisation du Canadien. On me donnait 100 piastres pour signer. Ça n’a rien à voir avec les chiffres d’aujourd’hui!»

Jacques Lemaire

Jacques Lemaire a vécu sa plus forte sensation quand il mené les Devils du New Jersey à la conquête de la coupe Stanley, en 1995. Il en a gagné huit autres en 12 saisons avec le Canadien.

L’ancien numéro 25, membre du Temple de la renommée du hockey depuis 1984, était de passage à Mirabel pour participer au tournoi de golf de la famille Dion au club 4 Domaines. Quand on l’a invité à dire quelques mots, il a saisi le micro et il a parlé pendant une demi-heure. On aurait pu entendre voler une mouche tellement ses propos étaient intéressants.

«Quand je jouais pour le Canadien Junior, mon ami Scotty (Bowman) nous faisait laver les marches du Forum pour nous tenir occupés, a-t-il rappelé. J’ai ensuite gradué avec les Apollos de Houston où j’ai connu des moments difficiles. Je jouais peu souvent et j’étais porté au découragement. C’est André Boudrias qui a suggéré à l’entraîneur de me faire tuer les punitions. Petit à petit, les choses ont débloqué et j’ai réussi à m’affirmer au point de mériter un poste avec le grand club.

«Tout ce que je sais aujourd’hui, je l’ai appris chez le Canadien avec des joueurs comme Jean Béliveau et Henri Richard. Les plus jeunes apprenaient des plus âgés et la roue continuait de tourner. À Montréal, il fallait se battre avec Sam (Pollock) pour obtenir une petite augmentation de salaire, mais on apprenait comment gagner des coupes Stanley. J’ai été assez chanceux pour en gagner huit en 12 ans. C’est pas si mal! À la fin, c’était devenu une habitude».

DERRIÈRE LE BANC

Après une carrière bien remplie au cours de laquelle il a marqué 366 buts en saison régulière et 61 dans les séries de championnat, Lemaire est devenu un des meilleurs entraîneurs de sa génération.

Il a fait ses classes en Suisse, à Plattsburgh et à Longueuil, puis il est devenu le bras droit de Serge Savard. Son passage derrière le banc du Canadien a malheureusement été terni par le déclin et la retraite forcée de Guy Lafleur, son ancien ailier droit.

C’est au New Jersey et au Minnesota que l’ami Coco a connu ses plus beaux moments comme entraîneur. En 1995, il a mené les Devils à la conquête de la coupe Stanley et il en garde un merveilleux souvenir.

«Je pense que ma coupe avec les Devils éclipse toutes les autres, dit-il. Il n’y a pas de plus forte sensation que de mener un groupe de joueurs au championnat. C’est un feeling indescriptible. Je faisais de mon mieux pour que chaque joueur puisse contribuer au succès de l’équipe même si ça m’a parfois joué de vilains tours.

«Si j’ai eu du succès comme coach, c’est aussi parce que j’étais très bien entouré. Je dois beaucoup à des hommes comme Jacques Laperrière, Larry Robinson, Mario Tremblay et Mike Ramsay. J’ai aussi été épaulé par mes patrons (Serge Savard, Lou Lamoriello et Doug Risebrough).

«Pour gagner, il faut qu’il y ait une bonne chimie au sein du groupe. Il faut aussi savoir s’amuser et Dieu sait que j’ai eu du plaisir derrière le banc».

Avant de quitter l’estrade, Lemaire a eu quelques mots pour ses amis les arbitres. «Ils ont un travail ingrat et l’action se déroule plus vite que jamais dans la Ligue nationale. Disons que je les trouve meilleurs depuis que j’ai pris ma retraite!», a-t-il conclu.