Charles et le Kid

WEST PALM BEACH, Floride— Sous les palmiers, je me suis tapé le livre (Distilled) sur la vie et la carrière de Charles Bronfman, ancien président de Seagram’s et ex-propriétaire des Expos.

Je vous ferai grâce des multiples transactions qu’il a réalisées en tant qu’homme d’affaires. Pour un gars qui possède un compte de banque semblable au mien, c’est passablement étourdissant.

Si j’ai bien compris, un businessman avec les reins solides peut facilement quintupler sa mise et même davantage s’il obtient le bon «tuyau» et appuie sur le bon bouton. D’où le dicton: c’est avec de l’argent qu’on fait de l’argent!

Charles Bronfman raconte sa vie et sa carrière dans le livre «Distilled».

Je passerai sous silence ses querelles financières avec son frère Edgar et son neveu Edgar Jr. Une très longue histoire. Charles a toujours eu beaucoup d’admiration pour son frère aîné. Il n’arrivait pas à lui dire non ou à imposer son droit de veto et ça lui a joué de très vilains tours en fin de parcours. La misère des riches…

Le Grand Orange

Le chapitre qui a retenu mon attention concernait bien sûr son implication de 21 ans dans la première concession de baseball majeur au Canada.

Si vous ne le saviez pas encore, les Expos n’auraient jamais vu le jour si Charles Bronfman n’était pas «allé au bâton» suite au retrait de Jean-Louis Lévesque en 1968.

Inspiré par le maire Jean Drapeau et voulant prouver à son père (Sam) qu’il était parfaitement capable de relever un tel défi, il a avancé l’argent nécessaire pour obtenir le O.K. de Warren Giles, alors président de la Ligue nationale. Dans le temps, on pouvait acheter un club d’expansion avec 10 millions!

Bronfman a ensuite fait confiance à John McHale, Gene Mauch et Jim Fanning pour bâtir une équipe représentative. Il a prédit que les Expos attireraient 1,2 millions de spectateurs à leur première saison au petit stade de la rue Jarry et ils lui ont donné raison avec une collection de recrues et de joueurs en fin de carrière (Mack Jones, Bill Stoneman, Coco Laboy, Carl Morton, Bobby Wine, Steve Renko, John Bateman, etc…).

C’était la belle époque de Les Expos, Nos Amours! Une époque qui a marqué ma vie et celle de milliers d’amateurs de baseball.

Bien sûr, Charles conserve un doux souvenir de Rusty Staub, première grande vedette des Expos. Le Grand Orange n’était pas heureux à Houston et voulait jouer pour Gene Mauch. La transaction a été compliquée et il a fallu l’intervention du commissaire Bowie Kuhn avant que Staub obtienne la permission de patrouiller le champ droit.

Rusty Staub a été un ambassadeur extraordinaire pour les Expos et pour la ville de Montréal.

Les Expos ont perdu Donn Clendenon et Jack Billingham dans cet échange, mais Staub leur a donné trois grosses saisons et il est vite devenu le favori de la foule d’un bout à l’autre du pays. En 1972, on a choisi de le sacrifier pour trois joueurs fort prometteurs: Ken Singleton, Tim Foli et Mike Jorgensen. Staub a pleuré jusqu’à New York avant d’aider les Mets à atteindre la Série mondiale.

Un joueur égoïste?

Bronfman consacre également plusieurs lignes à Gary Carter, un autre joueur qui a marqué profondément la concession montréalaise.

Il ne cache pas que McHale et lui étaient furieux lorsque le Kid a exigé un contrat de 2M$ par année. La surenchère commençait à faire son oeuvre à travers les grandes ligues. Les Expos n’avaient personne pour remplacer Carter ils n’ont eu d’autre choix que de se plier à ses exigences en invoquant tous les saints du ciel. Ce contrat n’allait pas durer longtemps.

Carter n’était pas le favori de Bronfman. S’il reconnaissait son immense talent, il le trouvait plutôt égoïste, précisant qu’il n’était pas le joueur le plus populaire dans le vestiaire. Pour la première fois, Bronfman s’est immiscé dans les affaires de l’équipe et Carter a été échangé aux Mets en retour de Hubie Brooks et d’une couple d’inconnus dont j’oublie le nom. C’était la fin d’une époque.

Gary Carter n’était pas le favori de M. Bronfman.

Vers la fin des années 1980, Bronfman a perdu une bonne partie de son intérêt pour son équipe de baseball. La flambée des salaires lui puait au nez. Il y avait aussi le contrat de télévision accordé aux Blue Jays qui lui tapait sur les nerfs. Il a finalement décidé de vendre l’équipe à un consortium présidé par Claude Brochu. C’était le commencement de la fin. La grève de 1994 et les ventes de feu successives ont écoeuré tout le monde. En 2004, on a fermé les livres après un long calvaire et l’équipe a déménagé ses pénates à Washington.

Reggie dit non

Dans son livre, Bronfman parle aussi de son discours mal planifié dans une synagogue de Montréal avant la première élection du Parti Québécois (1976) et de sa menace (pas très sérieuse) de sortir l’équipe de Montréal.

Reggie Jackson a préféré les millions de George Steinbrenner.

Il déplore le fait que les Expos n’aient jamais été consultés par l’équipe de Jean Drapeau avant la construction du Stade olympique. Tant et si bien qu’on a construit un stade tout en béton qui ne répondait pas aux exigences du baseball à cause de la distance entre les spectateurs et la surface de jeu.

On pourrait aussi parler du toît qui a coûté une fortune et n’a jamais fonctionné comme il faut.

À l’hiver 1976, les Expos ont fait des pieds et des mains pour attirer Reggie Jackson à Montréal. Le flamboyant voltigeur était un ancien protégé de Dick Williams à Oakland. On lui a fait une offre très généreuse, mais Reggie a préféré les millions de George Steinbrenner. Pourquoi aurait-il joué à Montréal quand il pouvait se couvrir de gloire dans l’uniforme des Yankees?

Enfin, disons que Bronfman ne regrette aucunement son association avec les Expos. Il a acheté l’équipe 10M$ et l’a vendue pour 110M$. Joli profit. En outre, c’est lui qui le dit, cette folle aventure l’a fait sortir de sa coquille et en a fait un meilleur homme.

Chers amis, la lecture demeure une grande vertu.

DANS LA LNH LUNDI SOIR

  • À Vancouver, BRAD MARCHAND a réussi le tour du chapeau en 3e période et les Bruins ont doublé les Canucks 6-3. Ses 35 buts lui permettent de partager le premier rang avec Sid The Kid.

    Brad Marchand connaît une saison extraordinaire. Son tour du chapeau lui permet de rejoindre Sidney Crosby dans la course au trophée Maurice-Richard.

  • À Calgary, les Flames ont enregistré une 10e victoire de suite en battant les Penguins 4-3 en tirs de barrage dans un match très attendu en Alberta. KRIS VERSTEEG a rompu l’égalité en fusillade en plus d’obtenir deux passes. C’est la première fois depuis novembre 1978 que les Flames gagnent 10 parties de suite. Ils étaient alors établis à Atlanta. Dans la défaite, Crosby a réussi son 35e et Malkin son 33e.
  • À Nashville, JAMES NEAL a marqué en tirs de barrage pour procurer un gain de 5-4 aux Predators contre Winnipeg. FILIP FORSBERG a réussi son 28e pour Nashville et PATRIK LAINE son 33e pour les Jets.
  • À Madison Square Garden, le Lightning a arraché une victoire de 3-2 contre les Rangers pour s’approcher à un point de Toronto et d’une place en séries. BRAYDEN POINT a été le meilleur avec deux buts et GABRIEL DUMONT a réussi l’autre (son 2e de la saison). Kucherov a récolté deux passes et PETER BUDAJ a enregistré la victoire.
  • À Philadelphie, CAM ATKINSON (31e et 32e) et BRANDON DUBINSKY  (but gagnant) ont mené les Blue Jackets à un gain de 5-3 sur les Flyers. Ils ont maintenant 44 victoires et 94 points, deux marques d’équipe. TRAVIS KONECNY a marqué deux fois pour les Flyers.
  • À Los Angeles, JAKE ALLEN a repoussé 38 rondelles dans une victoire de 3-1 sur les Kings. ALEXANDER STEEN, David Perron et Alex Pietrangelo ont mené l’attaque pour les Blues.
  • À Denver, MIKE SMITH a permis aux Coyotes de l’emporter 1-0 en bloquant 22 tirs.
  • À Brooklyn, les Hurricanes ont doublé les Islanders 8-4. Le défenseur JACCOB SLAVIN a sonné la charge avec son premier tour du chapeau. Skinner et Faulk ont ajouté deux buts chacun. JEAN-FRANÇOIS BÉRUBÉ a cédé quatre fois sur 13 lancers avant de céder sa place à Thomas Greiss.

Le mot d’humour

J’ai averti mes enfants: «Je ne veux jamais mourir dans un état végétatif, dépendre d’une machine ou d’une quelconque bouteille».

Ils se sont levés, ont débranché mon ordi et jeté ma bouteille de vin à la poubelle. Les p’tits maudits!