Chapeau aux Sénateurs et à Martin Brodeur

Maintenant que les Sénateurs et les Canucks sont éliminés, il ne reste plus une seule équipe canadienne dans les séries de la coupe Stanley. On est loin de l’époque où le Canadien, les Oilers, les Flames ou même les Maple Leafs nous représentaient si dignement.

Les Sénateurs sont en vacances, mais ils peuvent marcher la tête haute. Ils ne devaient même pas participer à la danse printanière et ils ont poussé les Rangers à la limite. Chapeau!

Les protégés de Paul MacLean ont commis la grave erreur de perdre le sixième match sur la patinoire de Kanata. Ils avaient les Rangers dans les câbles et les ont laissé s’échapper. Ils ont cependant refusé de se laisser abattre par cette défaite crève-coeur. Ils se sont présentés à New York optimistes et ils ont lutté avec l’énergie du désespoir, mais l’excellent Henrik Lundqvist leur a fermé la porte au nez.

Daniel Alfredsson

Daniel Alfredsson a-t-il disputé son dernier match avec les Sénateurs d'Ottawa? Il aura 40 ans l'hiver prochain.

Daniel Alfredsson, de loin le meilleur joueur de l’histoire des Sénateurs, a-t-il disputé son dernier match? Il aura 40 ans l’hiver prochain. Il n’est jamais facile de tourner la page et de laisser quelques millions sur la table avant de rentrer à la maison.

En tout cas, les Sénateurs ont une perle rare entre les mains en la personne d’Erik Karlsson, un défenseur qui fêtera ses 22 ans à la fin du mois de mai.

Dans l’autre match numéro 7, Martin Brodeur a dû bloquer 43 rondelles pour avoir le meilleur sur José Théodore et les surprenants Panthers de la Floride. Pas si mal pour un gardien de but qui fêtera ses 40 ans la semaine prochaine! C’est la recrue Adam Henrique qui a marqué le but gagnant en deuxième prolongation.

Il s’agit d’une défaite cruelle pour les Panthers, mais Kevin Dineen et Dale Tallon ont de quoi être fiers du travail qu’ils ont accompli au cours des derniers mois. Les gens du sud de la Floride ont enfin une bonne équipe de hockey.

À noter qu’il y a eu 16 matchs en prolongation en première ronde. Cette nouvelle marque témoigne de la parité qui existe maintenant dans le circuit Bettman.

LA DEUXIÈME RONDE

On connaît maintenant les équipes qui s’affronteront au deuxième tour. Disons que le scénario n’avait pas été planifié de cette façon.

La série Rangers-Washington devrait donner lieu à un duel de gardiens entre Lundqvist et le jeune Braden Holtby. Les Capitals ont réussi à battre les champions en titre et ils ne se laisseront sûrement pas intimider par la troupe de John Tortorella. Ça va jouer dur le long des rampes.

Après avoir liquidé Sidney Crosby et les Penguins, les Flyers sont largement favoris pour atteindre les demi-finales, d’autant qu’ils ont souvent eu du succès contre New Jersey. Il faudra que Martin Brodeur soit à son mieux pour prolonger la série. Son vis-à-vis Ilya Bryzgalov est comme une boîte à surprises.

Dans l’Ouest, les Predators de Nashville ont une longueur d’avance sur les Coyotes de Phoenix, mais si le grand Mike Smith joue aussi bien qu’il l’a fait contre Chicago, la série sera longue.

Pour ce qui est de la série entre les Kings et les Blues, difficile de prédire un gagnant. Les Kings ont plus de talent en attaque et Jonathan Quick vaut bien Elliott ou Halak. Toutefois, les Blues ne cessent de nous surprendre depuis le mois de novembre. J’y reviendrai dans une prochaine chronique.

Le tour de force de Dale Hunter

Trente ans après avoir éliminé le Canadien sur la patinoire du Forum, Dale Hunter a réussi un autre tour de force impressionnant derrière le banc des Capitals de Washington.

L’ex-joueur de centre des Nordiques a non seulement convaincu ses joueurs de pratiquer un style de jeu plus hermétique, mais ils ont si bien saisi le message qu’ils ont éliminé les champions en titre devant une foule médusée au TD Garden de Boston.

Dale Hunter

Dale Hunter a réussi tout un exploit en menant les Capitals à la victoire contre les champions de la coupe Stanley. C'est un but de Joel Ward qui a fait la différence en prolongation.

Comme c’est souvent le cas en prolongation, c’est un joueur inconnu (Joel Ward) qui a inscrit le but de la victoire sur un retour de lancer de Mike Knuble. C’est toutefois le brio du jeune gardien de but Braden Holtby qui a fait la différence dans la série.

En battant les Bruins dans un septième match à Boston, le gardien recrue a répété l’exploit de Ken Dryden en 1971.

Il faut également souligner le travail à la ligne bleue du duo formé de Roman Hamrlik (un ancien du Canadien) et de Mike Green, un joueur nettement plus responsable en défense. Les deux hommes ont repoussé de nombreuses attaques des Bostonnais qui ont été limités à deux petits buts en 23 avantages numériques.

Grande vedette des Capitals, Alexander Ovechkin a été utilisé moins souvent que d’habitude dans cette série, mais il a contribué aux succès de l’équipe en multipliant les coups d’épaule à gauche et à droite. Il a fait preuve de beaucoup de cran en s’attaquant souvent au gros Zdeno Chara.

À noter que les sept matchs de la série Boston-Washington ont été gagnés par la marge d’un seul but. Il s’agit d’une première dans les séries de la coupe Stanley.

Les surprises sont souvent nombreuses en première ronde. C’est encore plus vrai cette année. Avant les Bruins, on a vu tomber les Canucks, les Red Wings, les Blackhawks et les Penguins.

Il pourrait y avoir d’autres surprises jeudi soir lorsque les Rangers, premiers en saison régulière, recevront la visite des Sénateurs d’Ottawa et que les surprenants Panthers de la Floride accueilleront les Devils du New Jersey à Sunrise.

Il faut le voir pour le croire!

 

 

Souvenirs des séries: à l’enseigne des bons voyages!

Puisque mes plus vieux souvenirs de la coupe Stanley remontent à la fin des années 1950, ils sont évidemment en noir et blanc. Je me rappelle que le regretté Philippe Robert vantait les mérites du pétrole Esso entre les périodes en nous disant que nous étions à l’enseigne des bons voyages!

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À la fin des années 1950, les matchs du Canadien étaient présentés par la pétrolière Esso.

René Lecavalier décrivait le jeu avec son style très particulier et, si je me souviens bien, c’est Jean-Maurice Bailly agissait comme analyste quand on voulait bien lui laisser la parole.

Durant les entractes, on voyait apparaître Camil DesRoches, Charlie Mayer, Jacques Beauchamp, Butch Bouchard ou Émile Genest, tous membres à part entière de la Ligue du vieux poêle.

Évidemment, ils avaient tous un faible pour le Bleu Blanc Rouge!

Un soir, Doug Harvey a commis une bourde dans son territoire, ce qui ne lui arrivait que très rarement, et les Blackhawks en ont profité pour égaler la marque. En prolongation, le célèbre numéro 2 a décidé de corriger lui-même sa bévue. Il s’est emparé de la rondelle dans sa zone, a déjoué tout le monde sur son passage et s’est chargé d’inscrire le but de la victoire.

Je devais avoir huit ou neuf ans et je me souviens d’être allé me coucher le coeur léger.

Doug Harvey a été de loin le meilleur défenseur de son époque. Il a gagné sept trophées Norris entre 1955 et 1962, la dernière fois dans l’uniforme des Rangers de New York. Il était habile dans toutes les phases du jeu et il contrôlait à sa guise le tempo de la partie.

L’athète du quartier Notre-Dame-de-Grâce excellait aussi au baseball et au football. Il était un leader naturel, sur la patinoire comme dans le vestiaire. Il aurait dû terminer sa carrière avec le Bleu Blanc Rouge, mais Frank Selke l’a échangé aux Rangers pour le punir d’avoir fondé le syndicat des joueurs avec Ted Lindsay, Dollard Saint-Laurent et quelques autres.

Doug Harvey

Doug Harvey a été de loin le meilleur défenseur de son époque. Un leader sur la glace et dans le vestiaire.

Plus tard, Doug a traîné son baluchon dans plusieurs villes de la Ligue américaine. Il a notamment joué pour les As de Québec. En 1968, il était cantonné à Kansas City lorsque Scotty Bowman lui a lancé un S.O.S. pour aider la cause des Blues de Saint-Louis. À 44 ou 45 ans, il pouvait encore tenir son bout face aux meilleurs joueurs de la LNH.

Bowman a toujours parlé de Doug Harvey avec une grande admiration. Dans son livre, l’ex-défenseur du Canadien est dans la même classe qu’un certain Bobby Orr. Ça veut tout dire.

Ramener Vigneault? Pas si simple que ça

L’élimination rapide des Canucks de Vancouver, champions de l’Association de l’Ouest en saison régulière, relance la machine à rumeurs.

Tout le monde se demande si Roberto Luongo ira poursuivre sa carrière dans une autre ville et si Alain Vigneault sera de retour derrière le banc des Canucks après avoir été incapable de les ramener en finale.

Dans le cas de Luongo, il faut savoir qu’il possède une clause de non-échange et un riche contrat à long terme qui lui rapporte plus de cinq millions par année. Pour l’échanger et céder toute la place au jeune Cory Schneider, il faudra d’abord obtenir sa permission.

Plusieurs équipes ont besoin d’un gardien numéro un. Il suffit de penser aux Maple Leafs de Toronto, au Lightning de Tampa Bay ou aux Blue Jackets de Columbus. Reste à voir si l’athlète de Saint-Léonard serait tenté par une de ces destinations.

Alain Vigneault

Alain Vigneault a remporté 287 victoires en six ans à Vancouver. Il a gagné un trophée Jack Adams et il a été finaliste deux fois.

Vigneault, lui, est sous contrat pour deux autres campagnes et personne ne peut nier le fait qu’il a accompli de l’excellent travail à la barre des Canucks durant les six dernières années. Durant cette période, son équipe a gagné 287 fois pour une impressionnante moyenne de presque 48 victoires par saison. Il a mérité le trophée Jack Adams en 2007 et il a été finaliste en 2010 et 2011.

Le seul reproche qu’on peut lui adresser, c’est d’avoir perdu trois fois en deuxième ronde des séries et une fois en première ronde. Comme si c’était lui qui marquait les buts ou qui bloquait les rondelles…

D’ABORD UN DIRECTEUR GÉNÉRAL

Rien n’est impossible dans le merveilleux monde du sport professionnel, mais les Canucks devront y penser deux fois avant de se départir d’un homme de hockey de la trempe  d’Alain Vigneault.

Je connais des gens qui le voient déjà derrière le banc du Canadien à la place de Randy Cunneyworth, mais c’est loin d’être fait.

Geoff Molson et Serge Savard devront d’abord trouver un directeur général capable de «faire le ménage» et de redonner de la crédibilité à cette organisation. Ils ne doivent surtout pas se tromper car leur décision aura une grande influence sur l’avenir d’une équipe qui tourne en rond depuis beaucoup trop longtemps.

En supposant que le nouveau directeur général ait carte blanche, ce sera à lui de dénicher ensuite un entraîneur de qualité. Un homme avec lequel il pourra bien s’entendre et pousser dans la même direction.

Si vous voulez mon avis, je ferais confiance à Julien Brisebois avec un adjoint de la trempe d’André Savard. Brisebois a grandi dans l’organisation du Canadien, il a des idées jeunes et «Sam» pourrait l’aider à tirer les bonnes ficelles.

Pour ce qui est de Patrick Roy, c’est une autre paire de manches. À cause de son style et de son caractère, il ne laisse personne indifférent, mais une chose est certaine: il connaît la tradition du Canadien, il est un gagnant et la pression ne lui fait pas peur. S’il s’installait derrière le banc, il n’accepterait pas le demi-mesures.