Dany Dubé: «La LNH manque de vision»

Dany Dubé, analyste des matchs du Canadien sur les ondes de 98,5 FM, est d’avis que la Ligue nationale de hockey doit faire quelque chose pour améliorer le spectacle, spécialement durant les séries de la coupe Stanley.

Trop souvent, le jeu devient monotone parce que la majorité des équipes s’appliquent à empêcher l’adversaire d’agir à sa guise. On dirait que tout le monde est allé à la même école: celle du jeu archi-défensif. Disons que le système 1-2-2 est à la mode!

Dany Dubé

En plus d'agir comme analyste à la radio et à la télévision, Dany Dubé prononce souvent des conférences sur le coaching et sur la motivation. Il est aussi amabassadeur du club de golf Le Versant.

«Je comprends qu’il y ait une forme de désintéressement dans la population lorsque le Canadien ne participe pas aux séries, mais ce n’est pas tout, dit Dubé. Les équipes en présence mettent beaucoup trop l’accent sur le jeu défensif. On exerce une telle pression sur le porteur de la rondelle que la qualité du jeu offensif en souffre énormément.

«À mon avis, la Ligue nationale manque de vision. Les meilleurs joueurs n’ont tout simplement pas le temps de faire preuve de créativité. Dans le but de faire changer les choses, je crois qu’on devrait réduire les alignements à 10 attaquants et six défenseurs. Les joueurs se fatigueraient plus facilement. En bout de ligne, cela favoriserait le contrôle de la rondelle».

Reste à voir s’il s’agit-là d’un simple voeu pieux de la part de l’ex-entraîneur des Patriotes de Trois-Rivières.

BERGEVIN ET QUÉBEC

Concernant l’embauche de Marc Bergevin comme directeur général du Canadien, l’ex-gardien de but déclare: «Je l’aime bien comme personne et je pense qu’il s’agit d’une belle acquisition. Le temps nous dira ce qu’il peut faire pour redresser la situation. Ici, à Montréal, ça prend un homme avec de la prestance et un bon jugement. Il semble posséder ces deux qualités».

Dubé ne sera aucument surpris si Rick Dudley devient le bras droit de Bergevin dans les prochains jours parce que les deux hommes se connaissent depuis longtemps et qu’ils ont travaillé ensemble dans l’organisation des Blackhawks.

«Bergevin a besoin d’une éminence grise pour lui refiler plein d’informations, précise-t-il. Dudley est un gars d’expérience qui possède un vaste réseau de contacts à travers la Ligue nationale. Ça ne peut pas nuire».

Enfin, Dubé n’est pas étonné de voir Gary Bettman lutter avec acharnement pour garder les Coyotes à Glendale. «La Ligue nationale n’a pas la volonté de déménager les Coyotes, dit-il. L’Arizona est une région importante pour les droits de télévision. De plus, la Ville de Glendale a montré son intérêt en déboursant 40 ou 50 millions de dollars durant les deux dernières années.

«Avec les négociations qui s’en viennent entre les propriétaires et l’Association des joueurs, la LNH n’a aucun avantage à déménager tout de suite une de ses concessions. Ça ne veut pas dire qu’il faut faire une croix sur le retour des Nordiques. Je pense qu’il y aura éventuellement une équipe à Québec, mais ça ne semble pas être pour tout de suite».

À Québec et dans l’est de la province, les amateurs de hockey gardent espoir. Il en va de même pour les Anciens Nordiques Alain Côté, Marian Stastny et Dave Pichette. Ils sont persuadés que le hockey de la LNH n’a pas d’avenir dans la région de Phoenix.

Pour ce qui est de Réal Cloutier, il croit qu’une équipe de la LNH obtiendrait un succès immédiat dans la Vieille capitale, mais il se demande si l’économie de la région est assez forte pour que l’aventure dure très longtemps. Il n’est pas le seul.

 

 

 

Chapeau aux Devils et à Martin Brodeur

Martin Brodeur et les Devils du New Jersey ont fait mentir la majorité des experts (moi le premier) en éliminant les Flyers de Philadelphie sur leur patinoire, mardi soir. Ils atteignent ainsi la troisième ronde des séries pour la première fois depuis leur conquête de la coupe Stanley en 2003.

Nettement négligés des parieurs avant le début de la série, les Devils n’ont eu besoin que de cinq petites parties pour expédier les Flyers en vacances. Ils ont perdu le premier match en prolongation, mais ils ont ensuite pris peu à peu le contrôle de la série avec un très bon système de jeu, du travail acharné et beaucoup de discipline.

Martin Brodeur

Même s'il vient d'avoir 40 ans, Martin Brodeur vaut encore son pesant d'or. Il a été impeccable face aux Flyers et il participera à la finale d'association pour la première fois depuis 2003.

Lors du dernier match, le grand Ilya Kovalchuk a cassé les reins des Flyers en portant la marque 3-1 avec un boulet de canon. Il donnait ainsi raison à Lou Lamoriello d’avoir dépensé autant d’argent pour le sortir d’Atlanta.

Tous les joueurs des Devils ont contribué à cette grande victoire en poussant dans la même direction. Quelques exemples: Martin Brodeur a prouvé qu’il valait encore son pesant d’or à 40 ans; Zach Parise a tourbillonné sans arrêt autour des joueurs des Flyers; Adam Henrique a continué son excellent travail en échec-avant; Dainius Zubrus s’est impliqué physiquement, mais n’a pas répliqué aux attaques sournoises de ses adveraires.

Il faut également féliciter l’entraîneur Peter De Boer et ses adjoints Larry Robinson, Adam Oates et Dave Barr. Ils ont fort bien préparé leur équipe et ils ont finalement eu raison d’une formation supposément supérieure.

Les Flyers n’ont impressionné personne dans cette série. Sans doute un peu craintifs à cause d’un gardien chancelant (Ilya Bryzgalov), ils ont manqué de mordant dans toutes les phases du jeu. Ils ont aussi péché par indiscipline.

Acquis des Coyotes de Phoenix, Bryzgalov devait être le gardien de but que les Flyers attendent depuis si longtemps, mais il s’est avéré une grande déception. Il a mal joué contre les Penguins en première ronde et il n’a guère fait mieux contre les Devils.

Jaromir Jagr a également déçu à ses quatre derniers matchs. Dans l’ensemble, il s’est bien défendu à son retour dans la LNH, mais le poids des années commence à se faire sentir.

Mario Tremblay, qui était derrière le banc des Devils avec Jacques Lemaire il y a deux ans quand ils ont été éliminés par les Flyers, a soulevé un bon point quand il a dit: «Ce n’est plus la même équipe sans Jeff Carter, Mike Richards et Chris Pronger».

Paul Holmgren, DG des Flyers, aura donc un examen de conscience à faire durant les prochains mois.

Reste à voir si les Devils affronteront les Rangers ou les Capitals en finale d’association. Il n’y a pas de doute qu’une série Devils-Rangers susciterait plus d’intérêt parce que les deux équipes se détestent souverainement. On verra.

Souvenirs des séries: le Chicago Stadium

Quand il se plantait à la ligne bleue pour entendre l’organiste Al Melgard interpréter les hymnes nationaux, Gilles Marotte en avait la chair de poule. Pourtant, le gros Gilles n’était pas du genre nerveux.

Dans toute la Ligue nationale, il n’y avait pas d’endroit plus tonitruant que le vieux Chicago Stadium. Un vacarme à vous casser les tympans. Lorsque les Blackhawks s’élançaient à la conquête de la coupe Stanley, l’ambiance devenait électrisante, la foule survoltée.

Dans le temps, je suivais les Expos aux quatre coins de l’Amérique et Chicago était une de mes destinations préférées. D’abord à cause du Wrigley Field, d’Ernie Banks et de Ferguson Jenkins, mais aussi parce que tous les matchs des Cubs étaient présentés en matinée. Le soir, on pouvait faire la fête au Italian Village, chez Victor Hugo ou au George’s Steak House. Et Dieu sait qu’on ne s’est pas privé au fil des ans!

Bobby Hull

Bobby Hull a connu cinq saisons de 50 buts dans l'uniforme des Blackhawks et il a souvent fait vibrer le vieux Chicago Stadium.

Avec un patron comme Jacques Beauchamp, il n’était cependant pas question de se traîner les bottines ou de dormir sur ses lauriers. Au printemps, il m’arrivait donc souvent de couvrir le match des Expos en matinée, puis de sauter dans un taxi en direction du Chicago Stadium pour y faire un reportage sur les Blackhawks.

Y’a rien comme des journées de 14 ou 15 heures pour apprendre le métier.

C’est ainsi que j’ai pu voir à l’oeuvre Bobby Hull et Stan Mikita quand ils étaient les dieux du stade. Je me rappelle qu’il y avait aussi Tony Esposito devant le filet, Keith Magnuson, Bill White, Doug Jarrett et Pat Stapleton à la ligne bleue, ainsi que des joueurs de soutien comme Jean-Pierre Bordeleau, Lou Angotti, Chico Maki, Eric Nesterenko, Dennis Hull, Pit Martin et Cliff Koroll.

C’est à cette époque que le regretté Pit Martin, de Rouyn-Noranda, a soulevé une grande controverse dans la Ville des vents et à travers la Ligue nationale. Il a confié au journaliste Bob Verdi que les Blackhawks manquaient de leadership derrière le banc et au deuxième étage. Il a ajouté que l’équipe n’était l’affaire que de deux super vedettes (Hull et Mikita) et que le reste du club ne comptait pas. Il n’en fallait pas davantage pour mettre le feu aux poudres.

Plusieurs joueurs se sont rangés derrière Martin. Billy Reay a senti le besoin de serrer la vis et Stan Mikita s’en est pris à son coéquipier en le traitant de «Perfect Pit».

Quelques années plus tard, Gilles Marotte m’a confirmé qu’il y avait deux clans chez les Blackhawks: celui de Bobby Hull et celui de Stan Mikita.

LA BARRE HORIZONTALE

Cela n’a pas empêché l’équipe favorite de Paul Houde de connaître beaucoup de succès sur la patinoire et aux guichets. Après avoir gagné la coupe sous la gouverne de Rudy Pilous en 1961, les Blackhawks ont participé quatre fois à la finale entre 1962 et 1973, s’inclinant à trois reprises devant le Canadien et une autre fois devant les Maple Leafs de Punch Imlach.

En 1971, Chicago aurait probablement battu le Canadien si le puissant tir de Bobby Hull n’avait pas touché la barre horizontale. Les Blackhawks menaient alors 2-0 dans le septième match. Quelques minutes plus tard, Jacques Lemaire a trouvé le fond du filet sur un lancer de 80 pieds qui a échappé à l’attention de Tony Esposito, puis le vétéran Henri Richard s’est chargé du reste, marquant le but égalisateur et le but de la victoire.

Je me souviens aussi d’un arrêt miracle de Ken Dryden aux dépens de Jim Pappin. Deux ans plus tard, c’est Yvan Cournoyer qui a pris les choses en mains contre Chicago. Quelques mois auparavant, le Roadrunner avait été un des héros du Canada dans la la Série du siècle.

Au début des années 1980, le petit Denis Savard, de Verdun, a fait vibrer le Chicago Stadium avec ses pirouettes et ses feintes extraordinaires, puis le fougueux Chris Chelios a pris la relève et l’équipe a déménagé dans un stade plus moderne. Les Blackhawks ont ensuite connu les ténèbres avant de voir arriver les Jonathan Toews, Patrick Kane, Brent Seabrook et Duncan Keith. C’est la grande roue du sport professionnel.

Les assistances sont meilleures que jamais au United Center et les Hawks sont redevenus une des puissances de la ligue, mais les gens de ma génération n’oublieront jamais l’ancien Chicago Stadium et son orgue à 40 000 tuyaux.

Bergevin: le début d’un temps nouveau

Les fleurs fusent de partout pour le nouveau directeur général du Canadien et elles semblent méritées. Qu’il profite pleinement de sa lune de miel!

On aime le franc-parler de Marc Bergevin, son attitude, son enthousiasme et sa façon de voir les choses. C’est un vent de fraîcheur qui souffle sur le Centre Bell. Comme le chantait si bien Renée Claude, c’est le début d’un temps nouveau. La terre est à l’année zéro et les partisans du Canadien peuvent espérer des jours meilleurs après une chute en enfer avec Pierre Gauthier et Bob Gainey.

Lucien Deblois

Lucien Deblois, qu'on voit ici en compagnie de Stéphane Richer, est d'avis que le Canadien serait fou de ne pas surveiller ce qui se passe dans sa cour.

«Sa nomination ne me surprend pas tellement, déclare Lucien Deblois, recruteur pour les Canucks de Vancouver. Je savais qu’il était parmi les plus sérieux candidats. Marc est une bonne personne, un gars intelligent qui a roulé sa bosse dans le hockey. Une de ses premières décisions est de vouloir attacher une plus grande importance aux joueurs de la Ligue Junior Majeure du Québec. Cette ligue a été dénigrée injustement car ses champions font belle figure au tournoi de la coupe Memorial. Le Canadien serait fou de ne pas surveiller ce qui se passe dans sa cour».

Guy Carbonneau, qui rêve d’un retour dans la Ligue nationale, est d’avis que le Canadien a embauché un homme qui a beaucoup de vécu et qui sait ce qu’il faut faire pour bâtir une équipe gagnante.

Mario Tremblay, parfaitement heureux dans le monde des communications, considère Bergevin comme un leader avec des idées nouvelles. Il pense que son ami Carbo ou Vincent Damphousse auraient été en mesure de relever un tel défi, mais il souhaite bonne chance à l’heureux élu.

DU FLAIR POUR LES JEUNES

Depuis Chicago, Stéphane Waite applaudit la nomination de son ex-compagnon de travail. Selon lui, il était le meilleur candidat en lice.

«Marc a de l’expérience et du flair, a-t-il confié à Mathias Brunet. Il est capable d’évaluer un jeune joueur, de savoir s’il fera carrière ou non dans la Ligue nationale».

Ian Laperrière, des Flyers, considère qu’il est primordial d’être bon communicateur dans le hockey d’aujourd’hui. C’est une qualité que ne possédaient pas Pierre Gauthier et Bob Gainey. Il ajoute que Bergevin est un travailleur infatiguable et qu’il ne craint pas de se rendre dans les arénas pour analyser les jeunes joueurs.

Geoff Molson et Serge Savard sont convaincus d’avoir choisi le bon homme et le temps nous dira s’ils ont raison. Bergevin les a suffisamment impressionnés pour obtenir un contrat de cinq ans.

ROY, VIGNEAULT OU HARTLEY?

Une des premières missions de Bergevin sera d’embaucher un entraîneur capable de soutirer le meilleur de ses joueurs. Un gars qui a de la poigne, mais qui sait également discuter avec ses ouailles quand ça ne tourne pas rond.

Certains de mes confrères sont persuadés que Bergevin fera fausse route s’il ne confie pas le poste à Patrick Roy, un gagnant qui aurait encore le CH tatoué sur le coeur. «Casseau» ne laisse personne indifférent. On l’aime ou on le déteste, comme Michel Bergeron. Il est parfois trop impétueux, mais la pression ne lui fait pas peur.

Il existe aussi la possibilité qu’Alain Vigneault soit libéré par les Canucks même s’il a connu de grands succès à Vancouver durant les six dernières années. Il a travaillé sous les ordres de Serge Savard à l’Ile-du-Prince-Édouard et ce dernier lui voue le plus grand respect. Il ne fait pas de doute que Vigneault est aujourd’hui un meilleur entraîneur qu’à l’époque où Réjean Houle lui a confié des équipes très ordinaires.

Il faut aussi penser à Bob Hartley, d’Hawkesbury, qui vient de conduire les Lions de Zurich au championnat de la Ligue nationale de Suisse. Bob a connu du succès partout où il est passé et il aimerait sûrement tenter sa chance derrière le banc du Canadien.

L’important pour Bergevin est de choisir un homme avec lequel il pourra bien s’entendre. C’est essentiel. Dites-vous aussi que le prochain coach devra s’armer de patience parce que le Canadien a plusieurs lacunes à combler avant de devenir une puissance de la Ligue nationale.

Bergevin ne veut pas parler du passé ou de ses prédécesseurs. Il se tourne résolument vers l’avenir. C’est la meilleure façon de procéder. Pour l’instant, toute la province est derrière lui.