Le Canadien: une équipe porteuse d’espoir?

Sortez clairons et trompettes, alertez les pompiers et faites sonner tous les clochers du Québec! La vie reprend samedi soir au Centre Bell alors que l’équipe la plus auréolée de l’histoire du hockey amorce une nouvelle étape de son existence face à une formation tout aussi prestigieuse qui n’a pas gagné la coupe Stanley depuis 45 ans.

Après un lock-out de quatre mois qui a fait rager autant les joueurs que les amateurs, le Canadien retrouve enfin ses fidèles partisans et on ne doute pas un seul instant qu’il y aura de l’électricité dans l’air avant même que les deux équipes ne sautent sur la patinoire. Le hockey à Montréal, faut-il le répéter, n’est pas un sport, mais une religion qui rejoint toutes les couches de la société.

Malgré les déboires des dernières années, le CH demeure aussi populaire.

Malgré les déboires des dernières années, le CH demeure aussi populaire.

Durant les 15 ou 20 dernières années, le Canadien a raflé beaucoup plus de concours de marketing que de championnats. En fait, les Glorieux n’ont gagné que deux petites coupes Stanley depuis le départ de Ken Dryden, Jacques Lemaire et Scotty Bowman, au printemps 1979. Pour les gens de mon âge, c’est difficile à croire. C’est pourtant la triste réalité.

Avec le temps, le Canadien est devenu une équipe comme tant d’autres. Il a même glissé dans les bas-fonds de la Ligue nationale, une chose longtemps impensable, mais la flamme demeure bien vivante dans le coeur des partisans.

Malgré les déboires des dernières années, on a réussi une belle chose: rajeunir la clientèle et faire de chaque match un happening. Gagne ou perd, on parle du Canadien huit jours par semaine.

Une place dans les séries?

«Porteur d’espoir», tel est le nouveau slogan du Bleu Blanc Rouge. En effet, il y a lieu d’espérer depuis qu’on a décidé de confier l’équipe à Marc Bergevin et à Michel Therrien, mais ça va prendre plus qu’un slogan et de beaux discours pour gravir les échelons.

Ça va surtout prendre des athlètes qui ont du talent et du coeur au ventre. Des gars qui ont le CH étampé sur la poitrine, qui veulent suivre les traces de Howie Morenz, des frères Richard, du Gros Bill, de Boom-Boom et de Flower. Des joueurs qui comprennent la tradition du Canadien et l’importance de l’équipe dans la communauté. Ces joueurs-là existent-ils encore?

Le Canadien nous revient sensiblement avec la même formation que l’an passé, plus l’addition de Brandon Prust, Colby Armstrong et Francis Bouillon. Sans oublier la soustraction de Scott Gomez. Ce n’est pas le Pérou. Si on se fie à l’opinion de la majorité des experts, l’équipe aura grand mal à se tailler une place dans les séries. Même que Mario Tremblay les voit au 10e rang.

On s’entend généralement pour dire que Boston, Pittsburgh, les Rangers, Washington et Philadelphie sont les cinq meilleurs clubs de l’Association de l’Est. Après, c’est le «free for all».

Dans un calendrier écourté de 48 parties, il y aura sans doute des surprises de taille, des pleurs et des grincements de dents. Pour que le Canadien tienne son bout dans la course aux séries, il devra mettre tous ses oeufs dans le même panier. Voici quelques conditions à respecter:

  1. Michel Therrien devra obtenir le support de ses vétérans et faire respecter son plan de match à la lettre.
  2. Carey Price devra rester en santé et faire preuve d’une meilleure concentration, soir après soir.
  3. Brian Gionta, Andrei Markov, Tomas Plekanec, Rene Bourque et Tomas Kaberle devront en donner davantage.
  4. Lars Eller devra poursuivre son ascension.
  5. Le trio Cole-Desharnais-Pacioretty devra produire au même rythme.
  6. Les unités spéciales devront être plus efficaces.
  7. On devra agir avec prudence avec Alex Galchenyuk, plus bel espoir de l’organisation.
  8. Il faudra que P.K Subban soit satisfait de son contrat, qu’il se moule à l’équipe et se défonce chaque fois qu’il saute sur la patinoire.

Méchant contrat!

Jean Béliveau sera présent au match d’ouverture

À moins d’un impondérable, Jean Béliveau, plus grand capitaine de l’histoire des Glorieux, participera aux cérémonies soulignant le match d’ouverture du Canadien, samedi soir, au Centre Bell.

M. Béliveau se remet d’un deuxième accident vasculaire-cérébral à sa résidence de Longueuil. Comme il a encore des ennuis avec son équilibre, il n’est pas question qu’il s’aventure sur la patinoire, mais il lui fera plaisir de revoir plusieurs de ses anciens coéquipiers, dont Henri Richard et Serge Savard.

Jean Béliveau assistera au match d'ouverture du Canadien au Centre Bell.

Jean Béliveau assistera au match d’ouverture du Canadien, samedi soir, au Centre Bell.

On peut supposer que Guy Lafleur et Yvan Cournoyer, deux autres ambassadeurs du Canadien, seront également de la fête.

Serge Savard a subi le remplacement du genou droit à l’hôpital de Saint-Eustache il y a une dizaine de jours. C’est encore souffrant, mais il se sent suffisamment bien pour se rendre au Centre Bell et souhaiter bonne chance à Marc Bergevin, l’homme qu’il a recommandé à Geoff Molson pour prendre la relève de Pierre Gauthier.

Il y aura donc beaucoup d’émotion dans l’air avant le début du match Canadien-Maple Leafs.

Marc Fortier en a bourlingué un coup

À l’époque où il faisait la pluie et le beau temps dans l’uniforme des Saguenéens de Chicoutimi, Marc Fortier était loin de se douter qu’il deviendrait directeur général de cette équipe, 25 ans plus tard. C’était pourtant son destin.

«Après avoir joué dans la Ligue nationale durant quelques années, j’ai décidé de tenter ma chance en Europe et mon aventure là-bas a duré 11 ans, rappelle l’ancien joueur de centre des Nordiques. J’ai connu mes plus beaux succès avec les Polar Bears de Berlin où j’ai été capitaine pendant quatre saisons. Parmi mes compagnons de jeu, il y avait Tomas Steen, Mike Bullard et Mario Brunetta.MarcFortier

«Si j’ai réalisé un rêve dans la Ligue nationale, je peux dire que j’ai tripé en Europe. J’étais bien rémunéré, je roulais en BM, le calibre de jeu était excellent et nous jouions presque toujours à guichets fermés. Le soccer demeure évidemment le sport numéro un en Europe, mais le hockey est quand même très populaire dans certains pays. Les spectateurs portent fièrement les couleurs de leur équipe favorite et chaque match devient une super fête».

En l’espace de quelques mois, Fortier a appris la langue allemande assez bien pour se débrouiller. Il a aussi vécu la reconstruction de Berlin est. «Les Allemands sont travaillants et ils forment un peuple discipliné», précise-t-il sans entrer dans les détails.

Pas fait pour être entraîneur

De retour au Québec, Fortier a tenté sa chance dans le coaching. Il a dirigé une équipe senior dans la Beauce et une équipe junior AAA à Québec, mais il a vite compris que ce métier n’était pas fait pour lui. Il a ensuite été recruteur pour l’Avalanche du Colorado pendant un an, puis directeur du recrutement de la LHJMQ.

«Toutes ces étapes m’ont préparé au métier de directeur général, dit l’ancien petit gars de Windsor. Lorsque les Saguenéens m’ont approché, je pense que j’étais prêt à relever le défi. J’étais trop intense pour être entraîneur. Je prenais ça trop à coeur. Dans mon nouveau rôle, je me sens plus en contrôle. Je peux analyser froidement la situation et prendre la décision qui s’impose».

Âgé de 46 ans, Fortier fait équipe avec Marc-Étienne Hubert, ancien joueur des Patriotes de Trois-Rivières. Leur mission première est de bâtir une solide équipe de hockey, mais ils accordent aussi une grande importance aux études. Étant donné que seulement 2 pour cent des joueurs atteignent la Ligue nationale, il faut les inciter à rester sur les bancs d’école. Cela est d’autant plus vrai que la LHJMQ offre des bourses d’études alléchantes à ses joueurs une fois qu’ils ont terminé leur carrière junior.

«Notre but pour la saison en cours est de terminer dans le top 8 au classement. Une fois dans les séries, tout devient possible. L’an passé, nous avons causé une surprise contre Shawinigan et nous avons livré une très belle lutte aux Sea Dogs de Saint-Jean», ajoute Fortier.

Les piliers des Saguenéens sont Charles Hudon (un protégé du Canadien), Laurent Dauphin et Christopher Gibson, un gardien de but de 20 ans. Ils fondent aussi de grands espoirs en Loïk Léveillé, un jeune défenseur obtenu dans la transaction qui a envoyé Jérémy Grégoire à Baie-Comeau.

«Le hockey a beaucoup changé depuis 25 ans, poursuit Fortier. Depuis qu’on a éliminé l’accrochage, l’accent est mis davantage sur la vitesse et les contacts sont plus violents. Le jeu est «nord-sud» alors que dans mon temps, on jouait plus «est-ouest». Il y a aussi l’équipement qui a beaucoup changé. Ce que je déplore parfois, c’est le manque de respect entre les joueurs. C’est un peu le reflet de la société».

Les Sags ont 40 ans

Le hockey jouit d’une très longue tradition au pays des Bleuets depuis les beaux jours de Georges Roy, de Marcel Pelletier et des frères Smrke. Les Saguenéens Juniors en sont déjà à leur 40e saison dans le circuit Courteau. Chez les héros du passé, on retrouve les Guy Carbonneau, Germain Munger, Félix Potvin, Jimmy Waite, Éric Fichaud, Pierre-Marc Bouchard et David Desharnais.

Il appartient maintenant à Marc Fortier de garder la flamme bien vivante. Comme je le connais, il y mettra tout son coeur et toute son énergie.

Scott Gomez: une grave erreur de Bob Gainey

Marc Bergevin a fait ce qu’il devait faire, dimanche matin, en renvoyant Scott Gomez à la maison, quitte à lui verser son plein salaire.

Après avoir bien réfléchi à son affaire et avoir consulté son président, Bergevin a jugé que c’était le geste à poser pour le bien de l’organisation à court et à long terme. C’est quand même une facture drôlement salée pour un joueur qui «se pognait le beigne» depuis deux ans!

C'est Bob Gainey qui a sorti Scott Gomez de New York, cédant en retour le jeune défenseur Ryan McDonagh.

C’est Bob Gainey qui a sorti Scott Gomez de New York, cédant en retour le jeune défenseur Ryan McDonagh.

Le vrai coupable dans cette histoire, c’est Bob Gainey. C’est lui qui a sorti Gomez de New York, cédant en retour un défenseur très prometteur (Ryan McDonagh) qui avait été le premier choix du Canadien à la séance de repêchage de 2007. Glen Sather lui en sera éternellement reconnaissant!

On parle ici du même Bob Gainey qui a envoyé Mike Ribeiro à Dallas en retour d’une douzaine de bâtons.

Ainsi se termine une des pires sagas dans l’histoire des Glorieux. Pensez-vous que Sam Pollock ou Serge Savard se serait permis une telle gaffe?

Si j’étais dans les souliers de Gomez, j’aurais honte d’empocher autant d’argent à ne rien faire, mais ce n’est quand même pas sa faute si Sather a jugé bon de lui offrir un contrat de 50 millions.

L’ancien joueur des Devils a connu une seule saison de 30 buts dans la LNH. Sa moyenne était de 15 ou 16 buts par campagne. On ne donne pas autant d’argent à ce genre de joueur. C’est de la folie pure.

À ses 118 dernières parties avec le Canadien, Gomez a marqué neuf buts et en a préparé 40 autres du bout de la palette, mais à quoi bon revenir là-dessus. Le mal est fait et il faut passer à la prochaine étape.

En 2013, ainsi va la vie dans le merveilleux monde du sport professionnel.