Des funérailles à la hauteur de Monsieur Émile

Émile (Butch) Bouchard, l’ancien «Roc de Gibraltar» du club de hockey Canadien, a eu droit à des funérailles émouvantes en la cathédrale de Longueuil par ce triste et pluvieux samedi d’avril.

Le comédien Gilles Pelletier, un ami de longue date de la famille, la petite Marie-France Bouchard, le cardinal Jean-Claude Turcotte et Jean Bouchard ont tour à tour rendu un vibrant hommage à l’ex-capitaine des Glorieux, décédé la semaine dernière à l’âge de 92 ans.

Butch Bouchard

Butch Bouchard a eu droit à des funérailles émouvantes en la cathédrale Notre-Dame-de-Padoue.

«J’ai connu Butch à son restaurant du boulevard de Maisonneuve, a rappelé Gilles Pelletier. J’aimais son calme, sa sérénité et son bon jugement. Le Canadien était d’autant plus cher à son coeur que son fils Pierre suivait ses traces sur la patinoire du Forum.

«Je me souviens de la Punch Line avec Maurice Richard, Elmer Lach et Toe Blake. Maurice qui marquait tous ces buts, Lach qui lui faisait de si belles passes et Blake qui se défonçait dans les coins de patinoire pour récupérer la rondelle. Je me rappelle aussi que Butch Bouchard était le joueur favori de mon père parce qu’il savait imposer le respect à ses coéquipiers autant qu’à ses adversaires.

«Par ses actions sur la patinoire, Émile donnait de l’énergie à son équipe. Il était le contraire d’un goon. Il voulait juste imposer le respect et il le faisait si bien. Puisque nous sommes réunis dans un temple chrétien, je lui dis adieu, mais aussi au revoir. Butch était un homme respecté et respectable».

MEILLEUR CAPITAINE

Prenant la parole au nom des petits-enfants, Marie-France Bouchard, la fille du vétérinaire Émile Bouchard, a déclaré: «Tout l’amour du monde passait par les grands yeux bleus de grand-papa. Il est resté le plus longtemps possible pour veiller sur nous. Il était notre Roc de Gibraltar. Il a été un géant et un super grand-papa».

«Butch Bouchard a su être un exemple à suivre sur la glace et à l’extérieur de la patinoire, a ajouté le cardinal Turcotte. Maurice Richard a dit de lui qu’il avait été son meilleur capitaine. Le Rocket n’était pas du genre à multiplier les louanges. Il parlait avec son coeur et il fallait que ce soit mérité.

«Émile Bouchard a joué à une époque où les joueurs formaient une grande famille. Il avait le CH estampé sur le coeur. Pourtant, il n’y avait pas que le sport dans sa vie. Il y avait aussi la famille et ses concitoyens. Il était un homme généreux et il savait ce qu’il devait faire pour aider sa communauté.

«Enfin, il était un enfant de Dieu. Il existe une autre vie qui durera toujours. Les temples de la renommée et les chandails retirés sont un indice que tout ne finit pas ici-bas. Butch Bouchard nous laisse un héritage de grande humilité. Que Dieu l’accueille dans son paradis».

Pour ce qui est de Jean Bouchard, qui a lutté si fort pour le retrait du chandail de son papa, il a déclaré en gros: «Il y a plus de 75 ans, un apprenti apiculteur est venu s’installer à Longueuil. Les abeilles lui ont enseigné à rester calme sous la pression. Durant les dernières années, nous l’avons vu vieillir et perdre ses amis. Samedi dernier, quand sa main a quitté la mienne, je n’ai pas senti la tristesse, mais la paix et la liberté. Voilà l’ultime témoignage de mon père».

PLUSIEURS ANCIENS JOUEURS

Tel que prévu, plusieurs anciens joueurs du Canadien ont tenu à dire adieu à l’ancien numéro 3. Chez les plus âgés, on a reconnu les Dickie Moore Henri Richard, Dollard Saint-Laurent, Jean-Guy Talbot, Phil Goyette, Noël Picard, Bob Fillion et Gerry Plamondon.

Il y avait aussi Serge Savard, Yvan Cournoyer, Réjean Houle, Yvon Lambert, Gilbert Delorme et Stéphane Quintal, de même que Geoff et Andrew Molson, Pierre Boivin, Mathieu Darche, François-Xavier Seigneur, Donald Beauchamp et Dominic Saillant.

Karina Gauvin, chanteuse de réputation internationale, a participé de façon éclatante à la cérémonie religieuse.

Nos Glorieux s’envolent un à la fois, mais leurs exploits sont inscrits dans nos coeurs et dans nos mémoires. Comme l’a si bien dit un partisan de l’équipe en s’approchant de Geoff Molson: «Je suis partisan du Canadien depuis 1950 et je m’ennuie de ces équipes qui nous ont fait tellement honneur. M. Molson, je vous souhaite de trouver un directeur général capable de relancer l’équipe vers de nouveaux sommets. On s’ennuie des vrais Canadiens».

N.B. Tous les échos dans une prochaine chronique.

 

Holtby se déguise en Ken Dryden face aux Bruins

Avant de songer à remporter une deuxième coupe Stanley d’affilée, les Bruins de Boston devront trouver une façon de percer la muraille de Braden Holtby, un jeune gardien de but qui ne cesse d’impressionner.

Un produit des Blades de Saskatoon, Holtby a des allures de Ken Dryden depuis le début de la confrontation Boston-Washington. Jeudi soir, il a bloqué 44 des 45 rondelles dirigées vers lui et c’est lui qui a permis aux Capitals de niveler les chances dans la série.

Braden Holtby

Le jeune Braden Holtby fait sensation devant le filet des Capitals de Washington. Il a stoppé 44 des 45 rondelles dirigées vers lui jeudi soir.

Âgé de 21 ans, Holtby n’a joué que sept parties devant la cage des Capitals cet hiver, mais il a obtenu beaucoup de succès avec les Bears de Hershey.

Alexander Semin a également joué un rôle important dans la victoire de Washington avec un puissant tir qui a trompé la vigilence du gardien Tim Thomas. Signalons enfin que le jeu de puissance des Bruins n’a produit aucun but depuis le début de la série, en bonne partie à cause du brio du jeune Holtby.

Claude Julien pourra-t-il trouver une solution?

EN MARGE DES SÉRIES

  • MIKKEL BOEDKER, un ailier droit originaire du Danemark, a marqué en prolongation pour un deuxième match d’affilée sur la patinoire de Chicago et les COYOTES de Phoenix ne sont plus qu’à une seule victoire de passer au deuxième tour. Le grand MIKE SMITH a joué lui aussi un rôle important dans le triomphe des Coyotes. Pour les BLACKHAWKS, il s’agissait d’un sixième match de suite en prolongation dans les séries, mais ils en ont perdu quatre.
  • Les BLUES de Saint-Louis continuent d’étonner sous la gouverne de Ken Hitchcock. BRIAN ELLIOTT a pris la relève de Jaroslav Halak et la fête continue. En quatre matchs, les deux gardiens ont limité les Sharks à sept petits buts.
  • JOEL QUENNEVILLE, entraîneur des Blackhawks, et son homologue DAVE TIPPETT, des Coyotes, sont d’anciens coéquipiers chez les Whalers de Hartfofd.
  • VALERI VASILIEV, qui vient de mourir à l’âge de 62 ans, a été un des meilleurs défenseurs de l’Armée Rouge. Il a gagné huit championnats du monde et deux médailles d’or aux Jeux olympiques.
  • La LNH ne s’en vantera pas, mais les EXCÈS DE VIOLENCE ont fait grimper ses cotes d’écoute de 50 pour cent au réseau NBC.
  • Bravo à MARTIN BRODEUR pour son 24e jeu blanc dans les séries de championnat. Il devance ainsi un certain PATRICK ROY.
  • MARC-ANDRÉ FLEURY est chanceux d’avoir un professeur et un confident de la trempe de GILLES MELOCHE.
  • Le vétéran RAY WHITNEY, 39 ans, est une source d’inspiration pour les Coyotes.
  • ALEXANDER OVECHKIN ne manque pas de courage quand il fonce tête première sur le gros ZDENO CHARA.
  • KIRK MULLER travaille comme analyse à CBC avec P.J. Stock et Kelly Hrudey.
  • JOEL QUENNEVILLE a écopé d’une amende de 10 000$ pour avoir critiqué le travail des arbitres.

Les voyous font la fête

La violence aide à vendre des billets dans les villes américaines. Les Flyers de Philadelphie en sont la plus belle preuve depuis plus de 40 ans et les Bruins de Boston ne sont pas tellement loin derrière.

Il ne faut donc pas trop s’étonner de voir ce qui se passe depuis le début des séries éliminatoires. Les voyous s’en donnent à coeur joie et les réprimandes ne sont pas suffisamment sévères pour les faire reculer. Au nom de l’intensité, on se tapoche à qui-mieux-mieux pour tout et pour rien. Au diable l’étiquette ou le simple respect de l’adversaire. Si l’intimidation peut nous aider à gagner, allons-y gaiment!

Aucun autre sport majeur ne permet à ses athlètes d’agir de la sorte et c’est pourquoi il y a tant de gens qui ne prennent pas le hockey au sérieux. Pourtant, lorsque la foire éclate, personne ne songe à quitter son siège pour aller s’acheter une bière ou un hot-dog. On veut voir qui est le plus fort parmi les matamores.

Sean Couturier

Dans cette vague de violence, Sean Couturier, des Flyers, a goûté à la médecine de James Neal, des Penguins.

Une ligue qui se respecte mettrait tout en oeuvre pour éliminer ce genre de comportement. On fait de beaux discours durant le calendrier régulier, mais ça ne rime à rien. Arrive la première ronde des séries et c’est le «free for all». Tant et si bien que le préfet de discipline Brendan Shanahan ne sait plus où donner de la tête.

Lundi soir, Benoît Brunet avait parfaitement raison de dire: «C’est inacceptable qu’un jeune joueur comme Sean Couturier se fasse blesser par James Neal sous prétexte qu’il est frustré de voir perdre son équipe. Couturier, c’est l’avenir de la ligue».

Aux quatre coins du circuit Bettman, on nous chante qu’il ne faut pas s’offusquer avec ces excès de violence, que c’est tout simplement du «playoff hockey».

Mario Tremblay, qui n’a jamais eu peur de laisser tomber les gants durant sa jeunesse, est d’avis qu’il faut s’armer pour aller à la guerre. «Si t’as pas des joueurs «tough» dans ton club, t’es mort et enterré», déclare l’ancien ailier droit du Canadien.

J’ai bien peur qu’il ait raison lui aussi. À la guerre comme à la guerre et vive les voyous!

 

 

Butch et le Rocket se sont battus pour 500$

«La mort de papa n’est pas une grande surprise. Toutefois, il n’est pas mort à la suite d’une longue maladie comme on l’a laissé entendre. Je dirai plutôt qu’il est mort à la suite d’une très longue vie», déclarait Pierre Bouchard, quelques heures après le décès de son père.

«Il s’est cassé une hanche il y a trois ans et il avait besoin de soins particuliers. Il vivait donc seul dans une résidence pour personnes âgées sur la Rive-Sud, mais il a été conscient jusqu’à la fin. Il regardait la télévision et lisait ses journaux pour avoir toutes les nouvelles».

Pierre et Butch Bouchard

Pierre Bouchard en compagnie de son illustre papa. Ils ont tous les deux porté fièrement les couleurs du Canadien. Ensemble, ils ont gagné neuf coupes Stanley.

Émile «Butch» Bouchard était le plus vieux capitaine du Canadien encore vivant. Des joueurs de son époque, il ne reste plus qu’Elmer Lach, fêté en même temps que lui lors des cérémonies du 100e anniversaire, et Bob Fillion, un ancien ailier droit qui fréquente souvent le salon des Anciens Canadiens.

On pense aussi à  Milt Schmidt, un ancien joueur étoile des Bruins qui vit toujours dans la région de Boston.

LES ÉTUDES D’ABORD

Pierre Bouchard a vu jouer son célèbre papa au début des années 1950, mais il était alors trop jeune pour s’en rappeler.

«J’allais souvent dans le vestiaire avec lui, précise-t-il. Tous les joueurs du Canadien étaient mes idoles, même Callum McKay! C’est évident que papa a été pour moi une source d’inspiration même s’il ne m’a jamais poussé à devenir joueur de hockey.

«Il insistait beaucoup sur les études, sans doute parce qu’il n’avait pas eu la chance de fréquenter l’école très longtemps. C’est ainsi que je me suis retrouvé au Collège Laval où j’ai commencé à jouer au hockey sous les ordres de Roland Bleau. Nous avions une très bonne équipe junior B. Tellement que quatre de nos joueurs (Marc Tardif, Pierre Jarry, Jean-Guy Lagacé et moi-même) ont fini par jouer dans la Ligue nationale».

Gros Pierre a ensuite porté les couleurs du National Junior et il a joué pour le Canadien Junior pendant deux ans avant d’être réclamé par le grand club. Il a plus tard connu une belle carrière avec le Tricolore et il a participé à cinq conquêtes de la coupe Stanley sous la gouverne d’Al MacNeil et de l’unique William (Scotty) Bowman.

LA GRÈVE AVEC LE ROCKET

Parfaitement conscient du fait que le hockey était un business et qu’il devait préparer son après-carrière, Butch Bouchard a ouvert un restaurant sur le boulevard de Maisonneuve en 1948. L’aventure a duré 32 ans.

«À sa façon, papa a été avant-gardiste, note Pierre Bouchard. Il s’est blessé sérieusement à un genou en 1948 et ça l’a incité à se lancer en affaires. Peut-être que ça ne faisait pas l’affaire des dirigeants du Canadien, mais il a tenu son bout. Il a vendu son auto, il a emprunté de l’argent et il a foncé.

«Si je me souviens bien, son plus gros salaire avec le Canadien a été de 15 000$. Une fois, il a fait la grève durant quelques heures avec Maurice Richard pour obtenir une augmentation de salaire de 500 dollars. Ils ont dû se battre avec Tom Gorman et avec le sénateur Donat Raymond avant d’obtenir gain de cause. Les joueurs étaient alors à la merci des propriétaires.

«Après sa dernière saison avec le Canadien, papa est allé voir Frank Selke pour obtenir son boni de 1000$. Ce dernier lui a répondu que l’équipe venait de connaître une excellente saison, mais pas lui! Mon père a donc quitté l’équipe en mauvais termes. Il est resté partisan du Canadien jusqu’à sa mort, mais il ne portait pas M. Selke dans son coeur».

LA DÉCHIRURE

En 1978, quelques mois après avoir perdu son fameux combat contre Stan Jonathan au Garden de Boston, Pierre Bouchard a été laissé sans protection par le Canadien et il a été réclamé par les Capitals de Washington où il a terminé sa carrière dans la LNH.

«J’ai failli être échangé aux Kings de Los Angeles en compagnie de Murray Wilson, mais ça n’a pas marché et j’ai finalement été réclamé par les Capitals, précise-t-il. Ce que je n’ai pas aimé dans cette histoire, c’est qu’on ait manqué de respect à mon endroit. Si on m’avait fait venir dans le bureau pour m’expliquer la situation, j’aurais compris. Il y a eu un gros manque de communications dans cette affaire».

Son père en a voulu à la direction du Canadien. Il y a même eu un froid entre lui et Jean Béliveau, alors vice-président du club. Toutefois, le temps arrange les choses et Butch a toujours eu le plus grand respect pour celui qui allait suivre ses traces dans le rôle de capitaine.