Bergevin en a dit juste assez

Marc Bergevin semblait nerveux au départ, mais il a vite retrouvé son aplomb et il a répondu aux questions des journalistes comme un vrai pro.

Ce n’est pas tous les jours qu’un homme quitte l’anonymat pour devenir le patron hockey du Canadien de Montréal. L’ex-défenseur de 46 ans était visiblement «fier et ému» de vivre une si belle journée dans la ville où il a grandi.

Marc Bergevin

Marc Bergevin s'est bien défendu face à la mitraille des journalistes. Il est visiblement fier et ému de sa nomination comme directeur général du Canadien.

Il a affiché une belle assurance quand il a déclaré: «Je suis sûr que je suis prêt à relever ce défi. Je n’étais pas le meilleur joueur de mon équipe, mais j’étais capable de faire ma part. Nous allons travailler tous ensemble pour bâtir une équipe gagnante, une équipe dont les partisans seront fiers».

Bergevin est encore capable de patiner, au sens propre comme au sens figuré. Il a su éviter les questions un peu trop gênantes en expliquant qu’il en était à sa toute première journée avec le Canadien et qu’il avait besoin de temps pour analyser plusieurs choses avant de se prononcer.

Il a fait plaisir à beaucoup de monde quand il a dit qu’il allait accorder une attention particulière au talent québécois et qu’il allait choisir quelques recruteurs pour épier les meilleurs joueurs de la LHJMQ. Durant le règne Gainey-Gauthier, ce fut une grande lacune.

Interrogé au sujet du prochain entraîneur du Canadien, il a laissé entendre qu’il voulait embaucher un homme dans le style de Joel Quenneville, des Blackhawks. Un gars capable d’imposer le respect et d’écouter ce que ses joueurs ont à dire. Un homme rigide qui peut aussi s’adapter aux différentes situations.

Voici les autres points que j’ai retenus:

  • CAREY PRICE et P.K. SUBBAN sont deux jeunes joueurs de talent. Ils font partie du noyau de l’équipe et on leur accordera une attention particulière.
  • SCOTT GOMEZ est un gros morceau du casse-tête à cause de son contrat ridicule, mais Bergevin ne sait pas encore comment il abordera cette épineuse question.
  • C’est le prochain entraîneur qui décidera du sort de RANDY CUNNEYWORTH.
  • Il n’y a pas d’échancier pour trouver le nouveau coach, mais le plus tôt sera le mieux.
  • C’est DALE TALLON qui lui a ouvert la porte à Chicago et il lui en est reconnaissant.
  • Concernant la prochaine séance de REPÊCHAGE, il est ouvert à toutes les options. Par contre, pas question de faire graduer un jeune joueur s’il n’est pas prêt à évoluer dans la LNH.
  • TREVOR TIMMINS sera à ses côtés à la séance de repêchage du mois de juin.
  • GEOFF MOLSON apprécie le fait que Bergevin a fait ses classes dans l’Association de l’Ouest. Ça lui donne une perspective différente. Il considère son embauche comme la décision la plus importante depuis qu’il occupe le poste de président.
  • LARRY CARRIÈRE est un homme respecté dans le hockey et il aura sa place dans l’organisation.
  • Communiquer, c’est aussi ÉCOUTER et s’informer avant de prendre une décision.

Savard: «Le Canadien a un bon homme entre les mains»

Serge Savard et Geoff Molson sont persuadés d’avoir choisi le bon homme pour relancer le Canadien après un très long purgatoire.

«Nous avons rencontré d’autres candidats, mais Marc Bergevin a pris la pôle assez rapidement, a déclaré Serge Savard lorsque nous l’avons joint à sa résidence d’Hilton Head. Je l’ai aimé dès le départ. Il possède un très bon jugement et il a bien répondu à toutes nos questions. Je pense que le Canadien a un très bon homme entre les mains».

Serge Savard

Serge Savard n'a que de bons mots pour le nouveau directeur général du Canadien. «C'est un gros travaillant et il possède un très bon jugement, dit-il. Le Canadien a un bon homme entre les mains».

Savard et Molson ont eu deux longues réunions avant le nouveau patron hockey de la «Sainte Flanelle». Il était 14h., lundi après-midi, lorsqu’ils ont arrêté leur choix sur l’ex-défenseur des Blackhawks, des Blues et du Lightning de Tampa Bay. Lundi soir, Geoff Molson a soupé avec Bergevin pour discuter de contrat. C’est finalement mardi soir que Bergevin a accepté l’offre de son nouveau patron, devenant ainsi le 17e directeur général de l’organisation du Canadien.

«Marc est un gros travaillant, ajoute Savard. Il a joué dans la Ligue nationale pendant 20 ans et il a fait ses classes à tous les niveaux. Il est aussi capable d’écouter les autres avant de se faire une idée».

Quelques minutes après la conférence de presse du Canadien à Brossard, Geoff Molson a déclaré sur les ondes de RDS qu’il avait fait bon ménage avec Serge Savard durant le processus de sélection, puis il a ajouté: «Nous avons passé beaucoup de temps ensemble. Serge peut encore amener beaucoup de choses à cette organisation. J’aimerais le garder pas trop loin de moi».

Qu’en pense le principal intéressé? «J’ai aimé participer au processus de sélection, répond-il. Cela a été très intéressant, surtout quand tu vois le résultat final. Je ne connaissais pas Geoff Molson intimement, mais nous avons appris à nous connaître. Je l’ai trouvé très bien. Il écoutait tout ce que j’avais à raconter. Je ne peux pas en dire beaucoup plus pour le moment. Je ne sais pas ce qu’il a en tête (à mon sujet). On verra».

À 66 ans, le grand Serge profite d’une semi-retraite bien méritée. Il obtient beaucoup de succès dans le monde de l’immobilier avec ses associés Bernard Thibault et Mario Messier. Il sera sûrement tenté de dire oui si Geoff Molson lui offre un poste de conseiller spécial. Comme disent les Anglais, «time will tell».

Les Kings sont à prendre très au sérieux

Ne riez plus de ceux qui ont choisi les Kings de Los Angeles pour gagner la coupe Stanley.

Après avoir éliminé les Canucks de Vancouver plutôt facilement, voici qu’ils sont en train de passer les Blues de Saint-Louis dans le tordeur.

Non seulement ont-ils gagné les deux premières parties à Saint-Louis, mais ils ont maintenant une fiche de 5-0 à l’étranger depuis le début des séries. C’est la marque d’une équipe championne que d’être capable de le triompher sur les patinoires étrangères.

Anze Kopitar

L'excellent Anze Kopitar a marqué deux buts dans la victoire des Kings à Saint-Louis, lundi soir. Les Kings mènent la série 2-0.

Le Lightning de Tampa Bay est la dernière équipe à avoir gagné ses cinq premiers matchs des séries à l’extérieur. C’est arrivé en 2004 et ils ont gagné la coupe Stanley quelques semaines plus tard.

Anze Kopitar, un joueur super talentueux, a été le héros du deuxième match à Saint-Louis avec une paire de buts en première période, dont un en désavantage numérique. Jeff Carter, un ancien des Flyers, a également fait mal aux Blues en portant la marque 3-0.

Les Kings ont deux grosses lignes d’attaque. Ils ne se gênent pas pour bousculer l’adversaire et ils jouent du hockey inspiré avec Dustin Brown comme capitaine et chef de file. Ils ont aussi un excellent gardien de but en Jonathan Quick. Ça va prendre une très bonne équipe pour les battre.

HUNTER-OVECHKIN

Dans l’autre série au programme lundi soir, un but d’Alex Ovechkin en avantage numérique a permis aux Capitals de Washington de remporter une importante victoire de 3-2 sur la patinoire des Rangers.

Ovechkin, qui a vu son temps de glace être réduit depuis que l’équipe est dirigée par Dale Hunter, a profité d’une punition infligée à Brad Richards pour niveler les chances dans la série.

«Oubliez mon temps de glace. Nous sommes ici tous ensemble pour battre les Rangers», a dit Ovechkin après la partie.

Une chose est certaine: l’ancien joueur des Nordiques mène sa barque comme il l’entend et les résultats parlent en sa faveur jusqu’à maintenant.

 

Souvenirs des séries: le Garden de Boston

Parmi mes plus beaux souvenirs de la coupe Stanley, il y a ces multiples affrontements entre le Canadien et les Bruins au vieux Garden de Boston.

La rivalité a toujours été féroce entre les deux clubs et l’ambiance qui régnait dans la «boîte d’allumettes» de la rue Causeway était pour ainsi dire indescriptible. Ceux qui ont vécu ces guerres-là ne pourront jamais les oublier.

Je vois encore Harry Sinden injurier les arbitres, Don Cherry grimper sur le banc des joueurs pour en faire autant et Nate Greenberg mâchouiller son gros cigare en se demandant ce qu’il fallait faire pour vaincre ces méchants Glorieux au moins une fois.

Greenberg était le relationniste des Bruins et un monsieur d’une extrême gentillesse. Chaque fois qu’il venait à Montréal, il allait manger un steak chez Moishe’s avec Tom Johnson et Harry Sinden. L’histoire ne dit pas ce qu’il faisait du reste de sa soirée.

Il y avait aussi Francis Rosa, un vieux journaliste fort sympathique qui était toujours content de revoir ses amis du Canada.

C’était l’époque où le Canadien gagnait plus souvent qu’à son tour, mais les Bruins avaient du coeur au ventre et lui donnaient du fil à retordre avec de dures mises en échec. Pour gagner à Boston, il fallait accepter d’en payer le prix.

Ken Dryden

C'est au Garden de Boston que le grand Ken Dryden est devenu un super héros, au printemps de 1971.

C’est dans cette vieille bâtisse que Ken Dryden, ex-étudiant à Cornell, est devenu un super héros au printemps de 1971. On aurait dit un nouveau Jacques Plante en plus gros et plus grand.

C’est aussi là que le Canadien a effectué une des plus belles remontées de l’histoire des séries, effaçant un déficit de quatre buts avant de l’emporter 7-5 contre Bobby Orr et les Big Bad Bruins. À sa dernière saison avec le Canadien, Jean Béliveau a pris les choses en mains ce soir-là avec le soutien des Jacques Lemaire, John Ferguson, Henri Richard et Frank Mahovlich.

C’est aussi au Garden de Boston que Guy Lafleur a étalé tout son talent malgré les menaces de John Wensink qui voulait lui arracher la tête.

Je me souviens également de Mario Tremblay qui jouait avec toute la fougue de ses 19 ans, d’Yvon Lambert qui se plantait les deux pieds devant Gerry Cheevers et de Claude Mouton qui utilisait tout son vocabulaire pour stimuler le jeune Stéphane Richer.

Dans le camp des Bruins, après l’ère Orr-Esposito, il y avait Jean Ratelle, un mini Jean Béliveau, Brad Park, un merveilleux passeur, et Wayne Cashman, un ailier gauche au courage indomptable.

Un soir, les Bruins se sont tués à l’ouvrage pour battre l’équipe de l’Armée Rouge, mais Vladislav Tretiak s’est dressé devant eux comme le mur de Chine. On aurait dit la réincarnation de Terry Sawchuk.

Bien sûr, c’est dans le vieux Garden que Pierre Bouchard a perdu son furieux combat contre Stan Jonathan. La bataille n’a duré qu’une vingtaine de secondes, mais on en parle encore 34 ou 35 ans plus tard. Comme si Butch ne s’était battu qu’une seule fois durant sa carrière…

Un jour, il a fallu détruire le Garden pour en bâtir un plus moderne avec des loges corporatives et tout le tralala, mais le temps n’efface pas les souvenirs. Ils sont incrustés à jamais dans notre mémoire.