Guy Lapointe sera fêté le samedi 8 novembre

Guy Lapointe vit encore sur un nuage… ou presque.

Une couple de semaines après la conférence de presse annonçant le retrait officiel de son chandail numéro 5, l’ancien membre du Big Three vient d’apprendre que la fête en son honneur aura lieu le samedi 8 novembre au Centre Bell.

Ce soir-là, le Canadien recevra la visite du Wild du Minnesota, l’équipe pour laquelle Pointu travaille depuis plusieurs années dans le rôle de recruteur.

Le retrait officiel du chandail de Guy Lapointe aura lieu le samedi 8 novembre au Centre Bell.

Le retrait officiel du chandail de Guy Lapointe aura lieu le samedi 8 novembre au Centre Bell.

Revenant sur les événements des dernières semaines, il déclare: «La semaine précédant la conférence de presse, j’ai été surpris et ému lorsque j’ai vu Réjean Houle se pointer à ma résidence de Saint-Lazare en compagnie de Geoff Molson. J’ai eu plein de flashbacks (retours en arrière) et une pensée particulière pour mon père Gérard, ancien pompier de Montréal.

«J’étudiais pour devenir policier lorsque j’ai reçu une lettre d’invitation pour le camp d’entraînement du Canadien à la fin des années 1960. C’est mon père qui m’a convaincu d’y aller. Il m’a expliqué que je ne pouvais pas rater cette chance unique d’aller m’entraîner avec les Jean Béliveau, Henri Richard, Jean-Claude Tremblay, Jacques Laperrière, John Ferguson et cie. Que j’aurais toujours le temps de devenir policier si ça ne fonctionnait pas».

La cerise sur le sundae

Après avoir fait ses classes avec les Apollos de Houston et les Voyageurs de Montréal, Guy Lapointe est vite devenu un pilier du Canadien à la ligne bleue.

Parce que Bobby Orr et Jacques Laperrière étaient blessés, il a été invité à participer à la fameuse Série du siècle. Il a aussi fait sa marque lors du premier tournoi de la Coupe Canada (1976) en plus d’aider les Glorieux à gagner six coupes Stanley. Il pouvait tout faire sur la patinoire, tant offensivement que défensivement. Il pouvait aussi jeter les gants si le besoin s’en faisait sentir. En fin de match, on l’utilisait parfois comme joueur d’avant pour aller chercher le but égalisateur.

«Je n’avais jamais rêvé de connaître une telle carrière et d’être élu au Temple de la renommée (1993), ajoute-t-il. Voici maintenant qu’on retire mon chandail pour l’installer au plafond du Centre Bell. C’est la cerise sur le sundae.

«Je désire partager cet honneur avec tous ceux et celles qui m’ont aidé à atteindre un tel statut. Je pense par exemple à Philippe Myre, mon compagnon de chambre à Houston. Je ne disais pas un mot d’anglais quand je suis arrivé là-bas. Heureusement, Phil était parfait bilingue et il m’a beaucoup aidé à me débrouiller».

Pour ce qui est de son talent particulier pour jouer des tours pendables à ses coéquipiers, Pointu déclare: «J’ai grandi avec ça. Une fois membre du Canadien, John Ferguson m’a encouragé à aller plus loin, à perfectionner mes trucs!»

Au risque de me répéter, la direction du Canadien, M. Molson en particulier, a pris une excellente décision en ce qui concerne le troisième membre du Big Three. Justice sera finalement rendue.

 

Bergevin brasse la soupe

On ne pourra pas accuser Marc Bergevin de rester dans son coin et de regarder passer la parade!

Quelques heures après avoir refilé Daniel Brière à l’Avalanche du Colorado en retour de P.A. Parenteau, le patron du Canadien a laissé Josh Gorges et Brian Gionta s’envoler vers Buffalo et les a remplacés par deux joueurs peu connus: le défenseur Tom Gilbert et l’attaquant Manny Malhotra.

Il est beaucoup trop tôt pour dire si le Canadien sort gagnant de ces changements rapides. Si vous voulez mon avis, Brière et Gionta ne figuraient plus du tout dans les plans du Bleu Blanc Rouge. Quant à Gorges, on a jugé que son contrat, encore valide pour quatre ans, était trop lourd à supporter. Il avait beau avoir le CH tatoué sur le coeur, le voilà rendu à Buffalo.

En choisissant le virage jeunesse, Bergevin a déclaré en gros: «Je suis payé pour prendre des décisions difficiles. Je ne suis pas ici pour gagner un concours de popularité. Je crois que nos jeunes leaders sont prêts à prendre la relève».

Gilbert et Malhotra ne sont pas des joueurs étoiles. Ils rempliront un rôle en attendant que d’autres joueurs de l’organisation soient prêts à relever le défi.

Ainsi va la vie des années 2010. Dès qu’un joueur devient autonome, c’est «au plus fort la poche». On l’a vu très clairement lorsque Paul Stastny a pris la route de Saint-Louis, Ryan Miller s’est entendu avec les Canucks, Jarome Iginla avec l’Avalanche, Jason Spezza avec les Stars de Dallas, Thomas Vanek avec le Wild, Matt Niskanen avec Washington, Dan Boyle avec les Rangers, Benoît Pouliot avec les Oilers et Jason Hiller avec les Flames de Calgary.

Marc Bergevin n'a pas craint de laisser partir Daniel Brière, Brian Gionta et Josh Gorges.

Marc Bergevin n’a pas craint de laisser partir Daniel Brière, Brian Gionta et Josh Gorges.

Nous analyserons chaque cas en temps et lieu. Ce qui étonne le plus, c’est que Lou Lamoriello (Devils) soit assez fou pour donner un contrat de 25M$ à Mike Cammelleri (un joueur survéalué) et que les Sabres décident de rapatrier Matt Moulson à prix d’or après l’avoir cédé aux Islanders il y a à peine quelques mois.

Ils sont cinglés, ces directeurs généraux!

Pensez-vous que Spezza se défoncera chaque fois qu’il sautera sur la patinoire de Dallas? Croyez-vous que Gionta sera plus vaillant dans les coins de patinoire à Buffalo ou que Gorges deviendra tout à coup un général à la ligne bleue? Foutaise!

Dans une ligne où l’argent fait la loi, il n’y a plus grand chose qui m’étonne. La loyauté n’existe plus, ni d’un bord, ni de l’autre.

Est-ce que le Canadien sera meilleur la saison prochaine? Ça dépendra probablement de la «marge de manoeuvre» de Bergevin une fois qu’il aura donné la lune à P.K. Subban.

Il est pas mal bon, P.K., mais il ne peut rien gagner à lui tout seul. En tout cas, les partisans du Canadien auront une équipe fort différente à encourager.

En bref

  • Après avoir subi une deuxième fracture à la jambe, on craignait que la carrière de STÉPHANE ROBIDAS soit terminée. Au lieu de cela, il signe un nouveau contrat de 9M$ pour trois ans avec les MAPLE LEAFS de Toronto. Ça ne pouvait pas arriver à un meilleur gars.

    À 37 ans, Stéphane Robidas a convaincu les Maple Leafs de lui offrir un contrat de 9M$ pour trois ans. Tant mieux pour lui!

    À 37 ans, Stéphane Robidas a convaincu les Maple Leafs de lui offrir un contrat de 9M$ pour trois ans. Tant mieux pour lui!

  • MATHIEU PERREAULT, de Drummondville, devrait jouer au sein du deuxième trio à WINNIPEG. Les nuits sont longues au Manitoba, mais il deviendra peut-être un favori de la foule.
  • Le franco-ontarien BENOÎT POULIOT en est un autre qui se montre opportuniste. Après avoir connu sa meilleure saison dans l’uniforme des Rangers, le voici qui arrache un contrat de 20M$ aux OILERS. Une simple question: peut-il jouer dans la même ville pendant cinq ans? «Edmonotone» sera sa sixième destination dans la LNH.
  • Le défenseur MATT NISKANEN est-il aussi bon qu’on le dit? En tout cas, les CAPITALS n’ont pas hésité à lui consentir 40M$ pour sept ans. Ils ont aussi offert un pont d’or à BROOKS ORPIK. Il est toujours difficile de suivre le cheminement de cette organisation.
  • BRAD RICHARDS n’est plus le joueur qu’il était à Tampa Bay, mais il pourrait aider les BLACKHAWKS à gagner une autre coupe Stanley dans un rôle secondaire.

 

Daniel Brière n’aura fait que passer à Montréal

De toute évidence, Daniel Brière ne figurait plus dans les plans du Canadien de Montréal et de l’entraîneur Michel Therrien.

Marc Bergevin lui a rendu service en refilant son contrat à l’Avalanche du Colorado en retour de l’attaquant P.A. Parenteau, de cinq ans son cadet, et d’un choix de 5e ronde.

Daniel Brière est arrivé à Montréal six ou sept ans trop tard.

Daniel Brière est arrivé à Montréal six ou sept ans trop tard.

Brière est un joueur en fin de carrière, quasiment au bout du rouleau. Il est arrivé à Montréal six ou sept ans trop tard, après avoir connu ses meilleurs jours dans l’uniforme des Sabres de Buffalo et des Flyers de Philadelphie.

On se rappellera que Bob Gainey avait offert un contrat faramineux, pour ne pas dire ridicule, au petit attaquant de Gatineau, mais qu’il avait préféré poursuivre sa carrière dans la cité de l’amour fraternel.

Quant à P.A. Parenteau, il y a belle lurette que Patrick Roy voulait se départir de ses services. Semble-t-il qu’il ne cadrait pas dans les plans de sa jeune formation.

En bout de ligne, c’est une bizarre de transaction entre le Canadien et l’Avalanche. Comme si on avait voulu s’échanger des problèmes!

Reste à voir jusqu’à quel point Parenteau pourra être utile au Canadien. Il sait quoi faire avec la rondelle en zone ennemie. Pour le reste?

Le cas Gorges

D’autre part, Bergevin aurait tenté sans succès d’échanger le défenseur Josh Gorges aux Maple Leafs de Toronto.

J’ai hâte d’en savoir davantage à ce sujet. Gorges n’est pas un joueur étoile, mais il est tellement respecté dans le vestiaire du Canadien que plusieurs voyaient en lui le futur capitaine de l’équipe.

Plus que jamais, le hockey est une «grosse entreprise commerciale» et aucun joueur n’est à l’abri d’une surprise. À suivre.

Pointu et ses tours pendables

Lorsqu’un défenseur se fait comparer à Bobby Orr pour l’ensemble de son oeuvre, cela signifie sans équivoque qu’il a été un très grand joueur.

C’est le cas de GUY LAPOINTE qui aura finalement le bonheur de rejoindre ses amis Serge Savard et Larry Robinson dans les hauteurs du Centre Bell.

À son apogée, Pointu pouvait tout faire sur la patinoire: contrer les attaques ennemies, bloquer des rondelles, appliquer de solides mises en échec, orchestrer l’attaque à cinq, tuer les punitions, jeter les gants lorsque c’était nécessaire et marquer le gros but pour donner la victoire à son équipe.

Un ancien du Centre Immaculée-Conception, Pointu était aussi un formidable gars d’équipe et un champion joueur de tours dans le style de Jean-Guy Talbot.

Guy Lapointe: un défenseur exceptionnel et un joueur de tours dans le style de Jean-Guy Talbot.

Guy Lapointe: un défenseur exceptionnel et un joueur de tours dans le style de Jean-Guy Talbot.

En apprenant que son chandail serait retiré par le Canadien, j’ai tout de suite pensé à un voyage en Californie à la fin des années 1970. Les joueurs de Scotty Bowman profitaient alors d’une couple de journées de congé à Squaw Valley, ancien site des Jeux olympiques d’hiver (1960).

N’ayant jamais eu l’occasion de patiner en haute altitude, j’avais emprunté les patins de Jacques Lemaire, une rondelle et le bâton de je-ne-sais-plus-trop-qui. À mon retour au vestiaire, quelle ne fut pas ma surprise de constater que mes souliers étaient remplis de crème à barbe et mes «rubber shoes» découpés en petits morceaux. Je n’avais pas besoin de me lancer à la recherche du coupable. C’était du Pointu tout craché.

Une autre fois, lors d’un match des Légendes à Verdun, je lui ai encore servi de victime. Pendant que j’interviewais Guy Lafleur, Gilbert Perreault et leurs coéquipiers, Lapointe s’amusait à saupoudrer mon beau manteau neuf de poudre à bébé!

On pourrait parler de ses coups pendables pendant des heures. Quand un gars est capable de se mettre la main dans un pot de vaseline avant de serrer la pince au premier ministre Pierre Elliott Trudeau, il est capable d’à peu près n’importe quoi.

Plus 329

Je vous ferai grâce de toutes les statistiques concernant Guy Lapointe. Les chiffres ne disent jamais tout. Il suffit de savoir qu’il détient encore la marque de 28 buts par un défenseur du Canadien, qu’il était utilisé à toutes les sauces et qu’il a terminé sa carrière avec une différentiel de + 329.

En fin de match, lorsque le Canadien avait besoin d’un but pour niveler la marque, Pointu était souvent utilisé comme joueur d’avant à cause de son coup de patin et de la précision de son tir. La tactique a fonctionné à maintes reprises. Le mot «pression» ne l’effrayait pas.

Il faut ajouter qu’il jouait régulièrement avec le quatrième et le cinquième défenseur du Canadien pendant que Savard et Robinson formaient l’autre duo. Et quand il commençait à faire chaud dans la cuisine, les trois membres du Big Three se partageaient le boulot.

Guy Lapointe a joué un rôle important dans la Série du Siècle (1972) et dans le premier tournoi de la Coupe Canada (1976). Il a aussi contribué directement à six conquêtes de la coupe Stanley.

Comme tant d’autres avant et après lui, il a connu une dure fin de carrière. Il avait ralenti et il était aux prises avec un divorce. Une fois parti de Montréal, il n’a jamais été le même joueur, mais ça ne ternit pas le reste de sa carrière. Bobby Orr, les genoux en compote, n’a-t-il pas été obligé d’aller finir sa carrière à Chicago après s’être fait jouer dans le dos par Alan Eagleson?

Ce que j’aime par dessus tout chez Lapointe, c’est son sens de l’humour et sa grande simplicité. Il ne s’est jamais pris pour un autre et n’a jamais pleurniché parce que ses amis avaient été honorés avant lui. Il était même un peu gêné lorsque sa fille a lancé une pétition sur Internet pour mousser sa candidature, l’an passé.

J’ai écrit à maintes reprises que Pointu méritait les mêmes hommages que ceux rendus à Savard et Robinson. Justice est finalement rendue. Bravo à Geoff Molson et à toute l’organisation du Canadien. Ce sera une grande fête lorsque les trois champions se retrouveront au centre de la patinoire.