Pedro Martinez: «Y’a rien comme le Fenway Park»

Pedro Martinez, Carl Yastrzemski, Nomar Garciaparra, Terry Francona et le vénérable Johnny Pesky ont eu droit aux plus belles ovations lors des cérémonies marquant le 100e anniversaire du Fenway Park de Boston, vendredi après-midi.

Plus d’une centaine d’anciens joueurs ont participé à cette grande fête populaire. Parmi eux, il y avait Luis Tiant, Carlton Fisk, Tony Conigliaro, Rico Petrocelli, Dennis Eckersley, Jim Rice, Bill Buckner et Bobby Doerr.

«J’ai joué partout dans les ligues majeures, que ce soit dans la Ligue américaine ou dans la Ligue nationale, et il n’y a aucun endroit qui se compare au Fenway Park, pas même l’ancien stade des Yankees», a déclaré Martinez aux journalistes de Boston.

Durant le match Yankees-Red Sox, Pedro a rendu visite à Jerry Remy dans le studio de télévision. Quand on lui a fait remarquer qu’il avait été le meilleur de sa profession à la fin des années 1990 et au début des années 2000, il a répondu: «Merci beaucoup. J’ai toujours traité mon sport avec le plus grand respect et je sais que les amateurs de baseball de la Nouvelle-Angleterre m’aiment beaucoup. C’est réciproque».

À la retraite depuis quelques années déjà, Pedro partage son temps entre la Floride et la République Dominicaine. Il a pris un peu de poids, mais il semble en grande forme.

Pendant que les Red Sox subissaient la défaite contre leurs éternels rivaux, les amateurs se sont mis à scander «We want Tito!» en faisant allusion à l’ancien gérant de l’équipe locale.

Soulignons finalement que les joueurs des deux équipes portaient des uniformes semblables à ceux de 1912 et qu’un drapeau géant des Etats-Unis cachait le Green Monster avant le début de la partie.

Babe Ruth continue de faire jaser

Les cérémonies soulignant le 100e anniversaire du Fenway Park de Boston ont incité les chroniqueurs de baseball à fouiller dans leurs souvenirs et dans leurs archives.

Peter Gammons, qui suit les activités des Red Sox depuis plus de 40 ans, n’a pas manqué de rappeler les exploits de Carl Yastrzemki et de Jim Lonborg en 1967, les attrapés spectaculaires de Dwight Evans au champ droit, le travail étincelant de Pedro Martinez après son acquisition des Expos de Montréal, le courage de Curt Schilling, le circuit de Carlton Fisk dans la Série mondiale de 1975, les coups de canon de David Ortiz, de Jim Rice et de Mo Vaughn, la régularité de Wade Boggs, le circuit de Ted Williams à sa dernière présence au bâton et bien d’autres choses encore.

La tradition des Red Sox est tellement riche qu’elle nous ramène à des légendes comme Cy Young, Babe Ruth, Bobby Doerr, Johnny Pesky, Mel Parnell et Joe Cronin. Les Yankees, 27 fois champions de la Série mondiale, sont la seule équipe sportive avec un plus grand nombre de héros.

Babe Ruth

Babe Ruth a marqué l'histoire des Red Sox et des Yankees. Il a été un fameux lanceur à Boston avant de devenir le roi de la longue balle au Yankee Stadium.

C’est ce qui m’incite à vous parler de Babe Ruth, le plus grand dieu du stade au début du XXe siècle.

Si vous ne le savez pas encore, Ruth a été un fameux lanceur gaucher pour les Red Sox entre 1914 et 1919 avant de connaître la gloire à New York. Il a eu deux saisons de 20 victoires et il a compilé une fiche globale de 94-46 avec une excellente moyenne de points mérités de 2,28. Il a aussi aidé à son équipe à gagner trois Séries mondiales.

En 1919, Ruth s’est mis à jouer au champ extérieur les jours où il n’était pas d’office au monticule. Il a si bien fait qu’il a terminé la campagne avec 29 circuits et 114 points produits en seulement 432 présences au bâton. Sa carrière de lanceur venait de prendre fin.

Une fois la saison terminée, il a avisé le propriétaire Harry Frazee qu’il voulait doubler son salaire de 10 000$, sinon il rentrait à la maison. Producteur de spectacles sur Broadway, Frazee avait des problèmes de liquidités et ne voulait pas se plier aux exigences de son joueur étoile. Il a donc tenté de l’échanger au plus offrant. Ce n’est pas sans nous rappeler l’histoire de Peter Pocklington et de Wayne Gretzky.

Les White Sox de Chicago ont offert Shoeless Joe Jackson et une somme de 60 000$. C’était une proposition fort alléchante, mais les Yankees n’avaient pas dit leur dernier mot. Ils sont revenus à la charge en offrant un montant de 125 000$ à Frazee, plus un prêt de 300 000$ pour financer ses entreprises. C’est ainsi que Babe Ruth a pris la route de New York pour devenir la plus grande attraction de son époque.

Il serait trop long d’énumérer les exploits du Bambino dans l’uniforme rayé. Disons simplement qu’il a connu dix saisons de 40 circuits et plus, dont un sommet de 60 en 1924. Il a aussi formé un des plus fameux duos de frappeurs de tous les temps avec Lou Gehrig. Les deux hommes étaient très différents et ne se parlaient presque jamais, mais ils faisaient trembler les lanceurs adverses.

Malgré ses 12 championnats des frappeurs de circuits, Ruth n’a mérité qu’une seule fois le titre de joueur par excellence de la Ligue américaine. C’est difficile à comprendre. Il a joué son dernier match avec les Braves de Boston en 1935 et il est mort du cancer en août 1948.

Le Bambino a eu une vie très mouvementée à l’extérieur du losange et il aurait probablement fait la manchette pour les mauvaises raisons si les journalistes du temps n’avaient pas fermé les yeux. C’était une autre époque où on respectait la vie privée des athlètes. Disons qu’il était roi du baseball et qu’on lui pardonnait ses extravagances. À cela, il faut ajouter qu’il se rendait souvent dans les hôpitaux pour visiter les enfants malades. C’était sans doute parce qu’il avait grandi dans un orphelinat de Baltimore.

Quoi qu’il en soit, le sort a voulu que les Red Sox passent 86 ans sans gagner la Série mondiale, après le départ de Babe Ruth. Ils sont venus très près de réussir l’exploit en 1946, 1967, 1975 et 1986, mais ils ont chaque fois été battus dans le match ultime, ce qui a fait dire aux scribes qu’ils étaient victimes de la «malédiction du Bambino».

Cette malédiction n’a pris fin qu’à l’automne 2004 lorsque les Red Sox ont effacé un déficit de 0-3 face aux Yankees avant de remporter le championnat de la Ligue américaine et la Série mondiale.

On parlera encore longtemps de ce ralliement inattendu comme on parlera encore longtemps d’un certain George Herman Ruth, un des rares athlètes à avoir connu la gloire à Boston et New York.

 

 

Jour de gala à Fenway Park

S’il y a un endroit où j’aimerais être cet après-midi, c’est dans les gradins du Fenway Park de Boston avec une Budweiser bien froide entre les mains.

Non seulement les Yankees de New York seront-ils les visiteurs, mais on profitera de ce match pour souligner dignement le 100e anniversaire du plus vieux stade de ligues majeures. Ce sera un moment à la fois magique et historique. Il y aura de l’électricité dans l’air et une ambiance incroyable avant, pendant et après la partie.

Carl Yastrzemski

Carl Yastrzemski, maintenant âgé de 72 ans, été le dernier joueur des ligues majeures à gagner la Triple Couronne. C'était lors de la saison miracle de 1967.

Je ne connais pas la liste des invités, mais je serais étonné que Carl Yastrzemski, Pedro Martinez, Curt Schilling, Luis Tiant, Jim Rice, Fred Lynn, Carlton Fisk, Dwight Evans et Bill Lee ne soient pas de la fête avec le bon vieux Johnny Pesky. Jim Lonborg, Rico Petrocelli et Ken Harrelson y seront-ils aussi?

Les Red Sox connaissent un très mauvais début de campagne (4-8) sous la direction du nouveau gérant Bobby Valentine. Ce dernier a mis le feu aux poudres en s’attaquant verbalement au vétéran Kevin Youkilis. Il a mis en doute son implication physique et émotionnelle. Dustin Pedroia s’est vite lancé à la défense de son coéquipier. Il a même ajouté que Valentine ne pouvait pas diriger les Red Sox comme il le faisait au Japon.

Le receveur Jason Saltalamacchia, successeur de Jason Varitek, croit qu’il est trop tôt pour s’inquiéter. «Notre fiche était encore pire (2-10) le printemps passé. Nous avons les meilleurs lanceurs de la ligue et nous allons nous ressaisir», dit-il.

Dustin Pedroia, leader spirituel des Red Sox, a pour sa part salué l’excellent début de saison de Derek Jeter, des Yankees. «Derek est un athlète de première classe, a-t-il déclaré. Il joue au baseball de la bonne façon et il respecte ses adversaires. Il est un précieux actif pour notre sport».

Non, je ne serai pas au Fenway Park cet après-midi, mais j’y serai en pensée.

Jackie Robinson ne serait pas content

Il y a 65 ans cette semaine, Jackie Robinson disputait son premier match dans l’uniforme des Dodgers de Brooklyn, devenant ainsi le premier Afro-Américain à jouer dans les ligues majeures de baseball. Un événement marquant dans l’histoire du sport national des Américains.

Après avoir promis à Branch Rickey de ne pas répliquer aux menaces et aux injures, Robinson est devenu une super-vedette sur le losange et il a fait avancer la cause de ses compatriotes dans la société, du moins jusqu’à un certain point.

Jackie Robinson

Il y a 65 ans cette semaine, Jackie Robinson faisait ses débuts dans l'uniforme des Dodgers de Brooklyn. Aujourd'hui, seulement 8 pour cent des joueurs sont afro-américains.

Toutefois, une récente enquête de la section sportive du USA Today nous révèle que les progrès ne sont pas toujours aussi rapides qu’on le voudrait. Robinson, qui est décédé du cancer en 1972, ne serait pas content s’il était encore vivant. Même qu’il serait probablement furieux.

En effet, la proportion de joueurs afro-américains a chuté à 8 pour cent. C’est une statistique désolante quand on pense que 17,25 pour cent des joueurs étaient des Noirs en 1959 et que le nombre a grimpé jusqu’à 27 pour cent en 1975.

Le commissaire Bud Selig a tenté de calmer le jeu en disant que les choses allaient s’améliorer grâce au programme qui a été créé pour encourager la pratique du baseball dans les milieux défavorisés.

Dave Stewart, ex-lanceur étoile des Athletics d’Oakland, n’est pas du tout d’accord avec le commissaire. «Bud n’arrête pas de nous dire que les choses vont s’améliorer, mais il n’est pas en position de faire bouger les choses, a-t-il déclaré. Il travaille pour les propriétaires et il ne peut pas les forcer à agir contre leur gré. Au lieu de s’améliorer, la situation se détériore.

«Ils ne veulent pas embaucher les Noirs comme décideurs, certainement pas comme directeur général d’une équipe. Il y a plein de Noirs qui ont les compétences requises et qui pourraient très bien faire le travail. On leur accorde une entrevue, mais on ne les embauche pas».

Les chiffres donnent raison à Stewart. Ken Williams, des White Sox de Chicago, et Michael Hill, des Marlins de Miami, sont les deux seuls Noirs à occuper le poste de direicteur général sur un total de 30 clubs.

En ce qui concerne les gérants sur le terrain, il n’y en a que deux: Ron Washington, des Rangers du Texas, et Dusty Baker, des Reds de Cincinnati.

Stewart lui-même aurait aimé occuper un poste de commande, mais il a fini par se décourager.

«Je pense que Jackie serait très déçu s’il était encore avec nous. Il voudrait certainement qu’il y ait plus de Noirs dans le baseball», a dit Ron Rabinovitz, un ami de l’ancien joueur étoile des Dodgers.

Si la proportion de joueur afro-américains a chuté de façon dramatique, il est intéressant de noter que le nombre de joueurs nés à l’extérieur des Etats-Unis a grimpé pour atteindre 28,4 pour cent. Ces joueurs viennent surtout de l’Amérique latine, en l’occurrence la République Dominicaine, le Mexique et le Vénézuéla.

Pourtant, les Noirs ont déjà eu le haut du pavé. Entre 1990 et 1995, neuf des 12 joueurs par excellence des ligues majeures étaient des Afro-Américains.